Agroéquipement : « Le secteur recherche des profils qualifiés »

Agroéquipement : « Le secteur recherche des profils qualifiés »

Le manque de candidats est un problème pour l’ensemble des acteurs du secteur de l’agroéquipement. Afin d’attirer davantage les jeunes vers les cursus et les métiers de cette filière, l’association pour la promotion des métiers et des formations en agroéquipement (Aprodema) mène diverses actions.

Comment se porte le marché de l’emploi dans le secteur de l’agroéquipement ?
Mathilde Mari : Il y a beaucoup d’offres et peu de candidats. Ce problème concerne tout le secteur : les constructeurs, les importateurs (industriels) et les utilisateurs de machines pour l’agriculture, la forêt et les espaces verts. Tous les métiers sont touchés, de la conception des machines à leur utilisation, en passant par la maintenance et la vente. Un grand nombre d’emplois restent non pourvus chaque année, mais nous manquons de données récentes. Nous attendons les résultats de l’enquête que doit mener l’un de nos membres d’ici la fin de l’année.

Quelles sont les raisons expliquant cette pénurie de candidats ?
M. M. : L’industrie pâtit de son image, et l’agriculture attire assez peu. Par ailleurs, le secteur recherche des profils qualifiés, avec des compétences techniques en mécanique, en hydraulique… Pour un conducteur d’engins agricoles, des connaissances en agronomie sont également importantes, pour prendre soin des cultures. S’agissant de l’évolution des compétences, nous assistons à l’arrivée du numérique dans le matériel. Cela devient plus prégnant. Ces compétences s’ajoutent à celles de base.

En formation initiale, quels parcours peuvent suivre les jeunes ?
M. M. : Les formations initiales vont du CAP – même si les embauches restent limitées sur ces profils – jusqu’au niveau master (bac + 5). Les jeunes peuvent s’orienter vers les bacs professionnels agroéquipement et maintenance des matériels, le BTSA génie des équipements agricoles (GDEA) et le BTS techniques et services en matériels agricoles (TSMA), ainsi que vers les licences professionnelles maintenance et technologie et manager en maintenance des matériels. Deux écoles d’ingénieurs en agronomie (UniLaSalle et AgroSupDijon) proposent par ailleurs des parcours en agroéquipement. Selon les établissements, qui sont aujourd’hui 180 dans le secteur, les candidats ont un large choix pour trouver une formation en alternance pouvant leur convenir.

Sur quelles pistes travaillez-vous pour attirer des candidats vers le secteur de l’agroéquipement ?
M. M. : La mission de l’Aprodema est de promouvoir les métiers et les formations de la filière. Nous allons dans les Salons grand public, dans les forums étudiants et dans les Salons professionnels (Sima, Innovagri…). Nos délégués régionaux se rendent dans les collèges ainsi que dans les lycées pour présenter les métiers. Avec le baccalauréat 2021, notre objectif est d’intervenir davantage auprès des lycéens. En effet, le nouveau bac prévoit en seconde, en première puis en terminale, 54 heures par an dédiées à l’orientation et à l’accompagnement. Nous sommes également présents sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et YouTube), avec une animation plus suivie depuis deux ou trois ans. Nous réfléchissons par ailleurs à aller sur le réseau social Snapchat. L’Aprodema s’est aussi fait connaître auprès de l’Onisep avec une série de dessins animés portant sur plusieurs métiers de la filière (voir notre encadré page précédente). L’Onisep est l’organisme vers lequel les parents et les centres d’information et d’orientation (CIO) se dirigent lorsqu’il est question d’orientation.

Tous les ans, depuis 18 ans, l’Aprodema organise ses universités d’été. Quel est l’objectif de ces rencontres ? Comment s’est passée l’édition 2019 ?
M. M. : Nous accueillons des enseignants formant aux métiers de l’agroéquipement, venant des ministères de l’Éducation nationale, du Travail et de l’Agriculture, ainsi que de l’enseignement privé. Notre objectif est de faire le lien avec les constructeurs lors d’ateliers techniques pour que les enseignants restent à jour dans leurs compétences. Cette année, l’événement était organisé chez le fabricant français de matériels agricoles Pellenc. Les ateliers pédagogiques ont porté sur des thèmes variés : hydraulique, moteur, machine à vendanger, épareuse et charrue. Nous avons accueilli 85 enseignants, venant de 80 établissements différents de la filière. Chaque année, nous avons plus de demandes que de places ! Lors de ces rencontres, l’Aprodema implique les enseignants et leur distribue ses outils. Nous nous appuyons également sur eux pour promouvoir les métiers et les formations du secteur.
—— Caroline EVEN (Tribune Verte 2918)

Onisep : SIX MÉTIERS MIS EN AVANT

Dans le cadre d’un partenariat avec l’Aprodema, l’Onisep1 de la Nouvelle-Aquitaine a réalisé six vidéos venant s’ajouter à sa collection « Les métiers animés ». En ligne depuis avril dernier, elles sont accessibles sur les chaînes YouTube de l’Onisep et de l’Aprodema, ainsi que sur les sites de l’Onisep : oniseptv.onisep.fr et kitpedagogique.onisep.fr/metiersanimes

Six métiers de l’agroéquipement (AE) sont mis en avant : conducteur de machines agricoles, conducteur de travaux en entreprises de travaux agricoles, formateur technique en AE, ingénieur recherche et développement en AE, technicien démonstrateur en matériel agricole et technicien prototypiste en AE. En moins de deux minutes, chaque
film présente en quoi consiste le métier, les qualités et les compétences attendues, les conditions de travail, les salaires et les évolutions de carrière possibles, ainsi que les formations pour y accéder.
(1) Office national d’information sur les enseignements et les professions.

Le regard de l’APECITA : L’AGROÉQUIPEMENT, UNE FILIÈRE EN TENSION MAIS PLEINE D’ATOUTS

Comme l’Aprodema, Bertrand Delesalle, délégué régional Hauts-de-France et référent en agroéquipement (AE) de l’APECITA, observe que le marché de l’emploi dans l’ensemble du secteur de l’AE est toujours en tension, avec une insuffisance de candidatures. Tous les domaines d’activité (productions végétales, animales, forêt, paysage…) et les familles d’employeurs sont concernés. « Si l’on prend les constructeurs, ils regroupent 22 000 emplois et prévoient cette année 450 recrutements nets. Chez les distributeurs, qui rassemblent 30 000 emplois, les chiffres sont de 4 000 recrutements par an », indique-t-il.

La question de l’attractivité des métiers est un enjeu majeur pour la filière. « Elle ne manque pas d’atouts auprès des jeunes, en raison notamment de l’utilisation de plus en plus des nouvelles technologies. Celles-ci impliquent une manière de travailler qui correspond davantage aux jeunes générations qui ont une culture plus digitale », constate-t-il.

Par rapport à d’autres filières suivies par l’APECITA, l’AE offre également des emplois plus durables (71 % d’offres d’emploi en CDI), avec des possibilités d’évolution de carrière et de rémunération attractives du fait d’un manque de candidats. L’arrivée des nouvelles technologies crée aussi de nouveaux besoins de compétences chez les employeurs. Bertrand Delesalle souligne l’importance de la mobilité géographique et de la maîtrise de l’anglais, autant chez les constructeurs que chez les distributeurs.