AgroParisTech Clermont-Ferrand : Un escape game pour comprendre les sciences humaines et sociales

AgroParisTech Clermont-Ferrand : Un escape game pour comprendre les sciences humaines et sociales

Les sciences humaines et sociales – sociologie, philosophie, psychologie, ethnologie, etc. – sont des disciplines méconnues des collégiens et lycéens. Pour y remédier et leur faire découvrir ce côté mystérieux des disciplines scientifiques, deux chercheuses de l’université AgroParisTech ont créé un escape game. Ce jeu présente leur métier et leur champ de recherches : le territoire.

Pour un collégien ou un lycéen, le territoire, c’est quoi ? Et plus encore, définir les « dynamiques sociales des territoires » est très flou pour ces jeunes. Deux chercheuses en sciences sociales du campus de Clermont-Ferrand ont décidé de s’attaquer à cette lacune. Elles ont choisi pour cela le format d’un escape game ( jeu d’évasion). Cécile Cot est ingénieure d’études en analyse territoriale et Cécile Ferrieux est maître de conférences en sciences politiques. Elles pratiquent également ces jeux à titre privé.

Des chercheuses sans blouse blanche

Le jeu est né à la Fête de la science en 2019. Les deux chercheuses y sont invitées dans le cadre de leurs missions. C’est là qu’elles prennent conscience que les jeunes se représentent mal leur métier, et qu’ils ne comprennent pas non plus la notion même de territoire. Cécile Cot raconte : « On était à la Fête de la science, et il n’y en avait que pour les sciences dures comme la physique, la chimie ou la biologie. » Pour ces disciplines, l’image d’Épinal veut que le chercheur soit une personne qui porte une blouse blanche et qui travaille en labo au milieu de microscopes et d’éprouvettes. Autant dire très loin du chercheur en sciences sociales.

Les deux scientifiques, qui ont l’habitude des énigmes, ont conçu le jeu en cherchant une histoire à raconter : « Nous n’avons pas voulu présenter les choses de manière frontale », explique Cécile Ferrieux. L’idée principale consiste à envoyer le joueur virtuellement dans les locaux du campus, et lui proposer un parcours d’énigmes à résoudre. Ce parcours montre toutes les facettes d’un métier peu visible du grand public. Le joueur passe ainsi en revue l’entretien terrain, l’enseignement avec les copies d’étudiants à corriger, la veille bibliographique, les démarches de recherche-action et pour finir, la rédaction d’articles scientifiques. En 20 minutes, le jeu montre également la diversité des disciplines en sciences humaines. Des disciplines que les collégiens et les lycéens pratiquent déjà sans forcément le savoir.

Des étudiants de l’école des télécoms de Saint-Étienne ont développé le jeu sous forme d’une application interactive dans le cadre d’un projet tutoré « science et société ». Elle est disponible en téléchargement libre sur le site du campus. Une innovation pédagogique L’autre objectif du jeu est de faire toucher du doigt la notion de territoire dans toute sa complexité. Pour Cécile Ferrieux, « la recherche se conduit de concert avec les acteurs du territoire, qui essayent de travailler ensemble, d’établir des compromis, de résoudre des conflits aussi, sur des enjeux qui les concernent ». Si, au départ, il s’agit de sensibiliser plus que de former, les chercheuses ne s’interdisent pas d’utiliser le jeu avec leurs étudiants. Elles souhaitent proposer des outils décalés pour leurs enseignements et montrer comment une action collective se construit. Les retours à chaud ont été très positifs : les jeunes ont pris plaisir à participer. « Aujourd’hui, les jeunes vont loin dans leur réflexion. De cette manière, nous pouvons faire le lien entre les lycées et l’enseignement supérieur », précise Cécile Cot. Néanmoins, les deux chercheuses soulignent le débriefing nécessaire auprès de ce public, plus porté sur l’aspect ludique que sur le fond.

— Marc GUILBAUD (Tribune Verte 3015)