Alvie : Pulvériser au plus juste

Alvie : Pulvériser au plus juste

Fondée en 2019, la start-up Alvie travaille sur un outil prometteur baptisé « Hygo » : sur la base des données météorologiques et hygrométriques réelles, et grâce à un algorithme puissant, il aide l’agriculteur à réduire ses doses de produits phytosanitaires.

De nombreux agriculteurs, si ce n’est la plupart, souhaitent réduire leur consommation de produits phytosanitaires. Pour cela, ils utilisent déjà différents leviers : traiter en fonction des seuils de risque, agir aux stades optimums, cibler les molécules… Cependant, il existe une voie encore peu explorée, celle de l’ajustement des doses de manière dynamique en fonction des conditions locales, comme la température ou l’hygrométrie. Lorsque ces conditions sont optimales, l’agriculteur peut réduire de 30 % ses doses par rapport à celles qui étaient prévues. C’est à cette problématique réccurente qu’ont cherché à répondre les deux fondateurs de la start-up Alvie, Edita Bezegova et Nadir Ghrous, avec leur première réalisation nommée « Hygo ». Issus du monde de l’entreprise et du numérique, tous deux ont des racines agricoles et un attrait pour le développement durable. Ils ont démarré leur aventure entrepreneuriale début 2019 à l’incubateur EuraTechnologies de Lille, avant de s’installer à Paris, en compagnie de deux développeurs. La question de la réduction des produits phytosanitaires en fonction de la température et de l’hygrométrie peut paraître simple : beaucoup d’agriculteurs l’abordent de manière empirique. Toutefois, la construction d’un outil fiable, permettant de fixer le pourcentage de réduction, et surtout, d’indiquer le meilleur moment de la journée pour traiter, s’avère complexe ! Pour cela, Hygo intègre des bases scientifiques sur les différents modes d’action des produits phytosanitaires (foliaire, racinaire…) et leurs substances actives, sur les différentes cultures, sur les différents types de sol et les différents matériels de pulvérisation.

En perpétuel développement

L’outil prend également en compte les données météorologiques et hygrométriques en temps réel, géolocalisées et transmises par un capteur fixé sur le pulvérisateur. Il intègre aussi les prévisions météorologiques d’une quinzaine de modèles différents, et utilise les données Telepac de l’exploitation. L’outil est en constant développement, notamment grâce à des partenariats avec Arvalis, la chambre d’agriculture de la Somme, Agrotest (l’institut de recherche agronomique tchèque), etc. La commercialisation de Hygo, composé du capteur connecté (autonome et de longue durée) et de l’application, vient de démarrer : une cinquantaine d’unités ont été achetées par des agriculteurs et par des coopératives, souvent dans le cadre d’un accompagnement de démarches de type HVE (Haute Valeur environnementale). L’achat du capteur (350 euros) s’accompagne d’un abonnement annuel, dont le prix est fonction de la surface (120 € pour moins de 80 hectares, par exemple). « Grâce aux économies réalisées, ce coût est remboursé en quelques mois », note Edita Bezegova. Si Hygo démarre sa carrière sur les produits phytosanitaires, il pourrait être décliné en une version dédiée aux produits de biocontrôle, et en particulier aux micro-organismes vivants : « Ces produits sont très sensibles et doivent être appliqués dans des conditions optimales », remarque Edita Bezegova. La start-up conduit actuellement un projet de R & D sur ce thème.

—— Catherine PERROT (Tribune 2949)

Emploi : UNE LEVÉE DE FONDS ET DES EMBAUCHES

La jeune entreprise Alvie devrait procéder à une levée de fonds avant de pouvoir lancer son aventure commerciale à plus grande échelle. Elle envisage de recruter des commerciaux, notamment un spécialisé dans les grands comptes, puisque certaines coopératives se montrent intéressées par la solution. Elle devrait également booster son intelligence agronomique grâce à l’embauche d’agronomes.