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Association RobAgri Fédérer les acteurs de la robotique agricole française
Depuis 2017, RobAgri réunit les acteurs du secteur de la robotique agricole : industriels, start-up, équipementiers, instituts techniques, laboratoires et instituts de formation, pôles de compétitivité. Objectifs de l’association : déployer cette technologie au coeur des exploitations agricoles et faire évoluer le contexte réglementaire.
Ce qui relevait hier de la science-fiction est aujourd’hui une réalité : les robots poussent les portes des fermes françaises. Au côté du numérique, du biocontrôle et de la sélection variétale, la robotique contribue à façonner l’agriculture du IIIe millénaire. Limitation des intrants, allègement de la charge de travail ou amélioration du bienêtre animal dans les élevages, cette technologie est un des leviers pour répondre aux enjeux de l’agriculture moderne. Dans ce but s’est constituée l’association Robagri, autour de 81 membres pour une vision large : 27 industriels et start-up de la robotique (Kuhn, AGCO, AgreenCulture, Exxact Robotics, Manitou, Pellenc, Naïo, Vitibot…), 21 équipementiers (Enedis, Actia, Arcure, Poclain…), 27 organismes liés à la recherche (Acta, Inrae, Institut Pascal, Isir…) et six utilisateurs agricoles (Blue Whale, CIVC, Cérésia, Sofiprotéol…).
Une transition vers l’agroécologie
Cette dynamique collective porte une vocation : accélérer les transferts de compétences et de technologies entre les différents acteurs de la filière. La méthode : organiser des groupes de travail réguliers pour mutualiser les connaissances. Des analyses communes sont tout d’abord menées sur les performances, les impacts des robots sur l’écosystème et la sécurité de leur usage. Une fois éprouvées, ces technologies ont vocation, bien sûr, à intégrer les exploitations. C’est la phase 2 de la mission de RobAgri : nourrir une réflexion collective en matière de transition agroécologique et d’adaptation des robots aux besoins des différents utilisateurs agricoles afin de déployer les outils sur site. Au-delà des concessionnaires, cette phase commerciale s’appuie aussi sur des structures collectives, comme les coopératives d’utilisation de matériels agricoles (Cuma) ou d’autres coopératives, qui par une mutualisation des coûts, garantissent un accès large à ces nouveaux outils. Les missions de RobAgri ne se limitent pas à la seule recherche et expérimentation : l’ensemble de ses travaux et le retour d’expériences de ses adhérents doivent nourrir une réflexion plus globale.
Faire évoluer les textes
C’est l’évolution de la réglementation ou des normes qui est ici visée. Dans ce but, l’association est un relais auprès des organismes publics. RobAgri a noué, depuis sa création, un dialogue avec l’État, et ce pour une raison simple : le haut degré d’automatisation des outils agricoles place la question de la sécurité au centre du débat. L’enjeu est de mettre au point des machines fiables et sécurisées, dans un contexte réglementaire parfois mal adapté ou imprécis. Pour faire évoluer le cadre, il faut une position globale de l’ensemble des constructeurs, chacun demeurant libre de formaliser ses propres préconisations dans le respect de la réglementation. C’est tout l’intérêt de RobAgri : fédérer pour porter une voix collective. Récemment, en collaboration avec l’État, l’association a contribué aux stratégies d’accélération agricoles et alimentaires du 4e programme d’investissements d’avenir (PIA4). En complément des 2 milliards d’euros prévus dans le plan France 2030 pour accélérer la révolution agricole et agroalimentaire, 877,5 millions d’euros seront débloqués entre 2021 et 2026 au seul titre du PIA4. De son côté, l’association se voit dotée de 20 millions d’euros, afin de structurer et d’accélérer le développement de la filière.
— Renaud DE MONTBRON (Tribune Verte 3001)
POURQUOI LA ROBOTIQUE INTÉRESSE-T-ELLE LA MSA ?
Parmi les activités de la MSA, la branche « accidents du travail et maladies professionnelles ». Si certains outils liés à la robotique ont fait leurs preuves sur la nature et l’intensité du travail agricole et en ont, de fait, allégé la charge, d’autres outils plus récents restent à étudier. Les impacts sur la santé, dans ses dimensions physiques ou psychiques, et sur la sécurité au travail posent encore question. Dans un souci de prévention des risques professionnels, la MSA accompagne les exploitants dans leur mutation vers ces nouveaux outils. À cette fin, l’organisme de couverture sociale a édité un guide de 32 pages. Pas à pas, un conseiller peut accompagner la mutation au travers de 5 étapes clés et leurs documents associés :
Stéphane Duran, responsable de projet pour Robagri « LE DÉVELOPPEMENT DES ROBOTS NE SE FERA PAS SANS LE RECRUTEMENT DE TECHNICIENS AUX COMPÉTENCES SPÉCIFIQUES »
Où en est-on du déploiement de la robotique dans les exploitations ?
Stéphane Duran : Initialement, c’est le robot de traite, suivi des robots d’alimentation, qui a le premier fait son entrée dans les exploitations. Par la suite, la viticulture s’est intéressée à la robotique agricole en raison de la valeur ajoutée de cette culture. Mais peu à peu, les autres productions y ont vu un intérêt. Pour répondre à l’interdiction du glyphosate ou pallier le manque de maind’oeuvre dans le secteur du maraîchage, par exemple, la robotique est vue comme une solution prometteuse. Des solutions en grandes cultures vont se développer. La possibilité de réaliser des tâches d’agriculture de précision et de s’intégrer dans un écosystème de capteurs (satellite, drone, capteurs fixes et embarqués) en lien avec les modèles agronomiques est un autre levier fort. Pour convaincre davantage, nous insistons sur les services agroécologiques et sur l’amélioration des conditions de travail permise par les robots. En juin 2022, 400 robots environ étaient en activité dans les champs.
En quoi l’usage de la robotique est-il un facteur d’attractivité des métiers en agriculture ?
S. D. : Cet essor de la robotique est aussi un levier de développement local. Pour un déploiement efficace et au contact des exploitants, il faudra un maillage du territoire aussi dense que ce qui existe aujourd’hui pour le machinisme agricole traditionnel. Car qui dit robot, dit SAV. Le secteur devra recruter des techniciens aux compétences nouvelles. Au-delà du seul aspect électronique, les domaines d’intervention peuvent être très pointus : intelligence artificielle, cybersécurité, protocoles de communication, connectivité… les besoins en main-d’oeuvre vont être croissants. En matière de recherche et développement, les acteurs de l’industrie et des systèmes équipant les robots sont les mieux placés pour anticiper les futures normes et prendre part à leur définition. Le chemin est long comme pour toute innovation de rupture. La profession a déjà bien compris l’intérêt de la robotique et commence à se structurer. Nous en sommes certains : la robotique sera un vecteur d’emploi et contribuera même à renforcer l’attractivité de l’agriculture de demain.