Bilan de compétences : Retrouver un emploi en fin de carrière

Bilan de compétences : Retrouver un emploi en fin de carrière

Suite à une restructuration, Patrick Jamet a dû quitter une entreprise qui l’employait depuis vingt-cinq ans. Il se fait aider par l’APECITA pour rebondir à 57 ans, en mobilisant ses atouts et son expérience.

Rien ne prédestinait Patrick Jamet à vivre une fin de carrière mouvementée. C’est pourtant ce qui lui est arrivé lorsqu’il a quitté, fin 2022, le groupe coopératif qui l’employait depuis vingt-cinq ans. Fils d’agriculteurs à Gourin (56), il commence sa carrière comme double actif : aide familial sur l’exploitation d’un côté, emploi dans l’agroalimentaire de l’autre. En 1994, il passe un BTS ACSE en formation continue. Le diplôme lui ouvre les portes d’un bureau d’études environnement pendant deux ans et demi. Puis, il devient technicien environnement dans une coopérative du Morbihan fin 1997. Il suit les agriculteurs dans la mise aux normes des bâtiments, construit les plans d’épandage, conseille pour le Programme de maîtrise des pollutions d’origine agricole (PMPOA). Le travail se partageait pour moitié entre terrain et bureau. « Nous montions les dossiers pour les agriculteurs et nous établissions les relations entre eux et l’administration », raconte Patrick Jamet.

Restructuration et dommages collatéraux

Peu à peu, ses missions évoluent et il constate : « Comme les nitrates ne baissaient pas, les dossiers devenaient de plus en plus lourds et compliqués. Le travail faisait appel à beaucoup de métiers différents, et surtout, il était devenu beaucoup plus administratif. » Puis fin 2019, son employeur fusionne avec un autre groupe coopératif : il y avait des doublons dans les deux entreprises et son bureau d’études fut totalement transféré dans une filiale privée du groupe : « Nous avons été lâchés par le groupe qui nous envoyait dans cette filiale qui n’avait plus les mêmes valeurs que la coopération. Et en plus, cela m’imposait une délocalisation. » Patrick Jamet demande donc une rupture conventionnelle et quitte l’entreprise fin novembre 2022. Il a alors 57 ans.

57 ans, la vie devant soi

Quelques mois auparavant, il contacte l’APECITA : « J’aurais pu faire un bilan n’importe où, mais je l’ai choisie à cause du lien avec mon domaine d’activité, j’étais plus à l’aise de cette manière. » L’association lui propose tout de suite un bilan de compétences : faire le point sur son passé et envisager son avenir, avec son âge comme particularité. « J’ai découvert que ma bonne connaissance du monde agricole breton était un atout, moi qui n’ai qu’un BTS face aux jeunes ingénieurs. Dans le travail, c’est complémentaire en fait », explique Patrick Jamet. Il apprécie en particulier l’accompagnement de l’APECITA pour rédiger sa lettre et son CV : les derniers qu’il avait rédigés, obsolètes, dataient de vingt-cinq ans. Grâce au bilan, il a aussi pu mettre en lumière quelques points à améliorer. Il se met alors en recherche d’un poste de terrain, en relation avec l’environnement, où il ne passerait pas cinq jours par semaine dans des dossiers. Aujourd’hui, il est conseiller agronomique dans une chambre d’agriculture. Il s’occupe du conseil stratégique phytosanitaire (CSP) et il est chargé du suivi d’un bassin-versant. Pour lui « c’est toujours de l’environnement, mais pas sous le même angle ». Sa longue expérience agricole et ses réseaux ont été reconnus par les employeurs : il n’est resté que quatre mois et demi au chômage, n’a pas envoyé plus de dix CV et a passé deux autres entretiens. « Les employeurs savent qu’on a 4-5 ans à faire et qu’on va rester jusqu’à la retraite, dans une pénurie de main-d’oeuvre. J’ai été agréablement surpris de l’accueil pour une candidature à 57 ans. Les choses sont en train de changer », remarque-t-il. Sa recherche, il l’a opéré à travers les offres de l’APECITA les mieux ciblées, Pôle emploi et quelques sites d’entreprises. Mais pas du tout par les réseaux sociaux « qui vous regardent davantage qu’on ne les regarde ».

Certes, il a fallu faire des concessions en diminuant son salaire de 4 K€ annuel et en abandonnant la voiture de fonction. Mais l’adaptation a été le plus dure : « Après vingt-cinq ans, j’étais dans ma zone de confort. C’était difficile d’en sortir. Sans doute les jeunes y arrivent-il mieux. » Patrick Jamet est en CDD pour l’instant et compte bien travailler encore : « Je cherche avant tout un emploi qui ait du sens pour finir ma carrière, je ne me vois pas aller vers du management. »

— Marc GUILBAUD (Tribune Verte 3023)