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Conseiller d'élevage : Expert en élevage... et en relations humaines
Il ne suffit pas d’être un crack en zootechnie pour faire un bon conseiller d’élevage. L’économie et, surtout, le savoir-être doivent faire partie de son bagage. Portrait d’un multicarte.
Fille de producteur laitier, Roseline Trambouze n’était pas très sûre de vouloir travailler dans l’agriculture. Après un bac S option agronomie au lycée de Roanne-Chervé (42), elle entre en BTSA productions animales au lycée de Ressins… et comprend qu’elle vient de trouver sa voie : la technique, la production. Elle complète sa formation par une licence axée sur le conseil en élevage et la transformation, à Limoges, en 2008. Recrutée dès la rentrée suivante au CFPPA de Roanne-Chervé, elle enseigne, puis devient responsable de formation adulte. Mais en 2014, à 27 ans, « les vaches me manquaient trop », avoue-t-elle. Elle postule à Loire Conseil élevage, où elle exerce depuis comme conseillère d’élevage auprès d’une cinquantaine d’éleveurs laitiers, dans le sud du Roannais.
Le conseil qu’elle apporte peut concerner une palette assez large de domaines techniques : l’animal, le troupeau, l’alimentation au sens large, depuis le sol, la fertilisation jusqu’à la ration, la reproduction, la génétique, la croissance des jeunes… « Aujourd’hui, les éleveurs sont davantage formés, ils sont parfois mes anciens collègues de promo ! Mon métier va être de les aider à prendre du recul, à leur renvoyer un effet miroir et surtout, de toujours les ramener à l’économie », résume la conseillère, qui a également plusieurs domaines de spécialités : la gestion du temps de travail, le diagnostic d’autonomie alimentaire et, plus récemment, le diagnostic carbone. Depuis cette année, elle développe aussi le conseil auprès des éleveurs bovins allaitants, dans une région où les deux types de production sont souvent présents sur une même exploitation.
Discrétion indispensable
« J’ai un métier où je suis très autonome, je gère mon agenda pourvu que les éleveurs, qui sont mes clients, reçoivent le nombre d’heures pour lequel ils paient. Mais c’est aussi un métier avec beaucoup de contacts humains, où nous rencontrons des gens toute la journée et où nous échangeons aussi beaucoup en équipe », analyse Roseline Trambouze.
Être passionné, aimer l’humain, être ouvert d’esprit, humble et ne pas rester sur ses acquis : telles sont les qualités que Roseline Trambouze pense nécessaires pour être un bon conseiller d’élevage. « Cela peut être déstabilisant pour un jeune, mais il faut savoir dire : “je ne sais pas, mais je te donne la réponse dans quelques jours” à un éleveur », remarque-t-elle. Avant d’ajouter une dernière qualité : la discrétion. « C’est indispensable. Je donne souvent des exemples de ce que j’ai pu voir dans les élevages. C’est très apprécié des éleveurs, mais ils ne savent jamais chez qui je l’ai vu. Ce qui se dit dans les cours de ferme reste dans les cours de ferme. » Écouter et comprendre avant de conseiller « Les compétences techniques sont la colonne vertébrale du métier de conseiller d’élevage, mais les qualités humaines sont tout aussi indispensables », confirme Sophie Marchal, directrice de Loire Conseil élevage. Basée à Chalain-le-Comtal, la structure emploie 65 personnes, pour 38 équivalents temps plein. L’équipe de 18 conseillers d’élevage intervient auprès de 800 éleveurs laitiers en bovins, une quarantaine en caprins et quelques éleveurs allaitants. En moyenne, Loire Conseil élevage recrute un conseiller par an, pour remplacer les départs en retraite ou les installations.
« Quand nous recrutons, nous ne jugeons pas le candidat sur ses compétences techniques, car nous avons mis en place un tutorat et une formation de 50 journées pendant la première année des jeunes recrutés, avec notre association régionale », indique la directrice. Lors des entretiens, elle essaie surtout de cerner les qualités relationnelles des candidats, comment ils vont s’adapter en milieu inconnu. « Car avant de conseiller, il est nécessaire d’écouter, puis de comprendre le besoin des éleveurs. »
Pour elle, le conseiller doit aussi savoir faire preuve de curiosité : « Il faut analyser, creuser, ne pas se contenter de la première solution qui vient à l’esprit, savoir sortir des sentiers battus, bref, aimer apprendre », insiste-t-elle. « C’est un métier très prenant, avec une large palette de savoirs à maîtriser, mais très intéressant, dans lequel il est possible de s’épanouir, étant donné la diversité des situations rencontrées », résume Sophie Marchal.
— Irène AUBERT (Tribune Verte 2973)
BTSA productions animales : FORMER DES SPÉCIALISTES DE L’ÉLEVAGE
Le BTSA productions animales (PA) forme des spécialistes de l’élevage, avec de solides connaissances en zootechnie, mais aussi en biologie et en chimie. Au lycée agricole de Ressins (42), où ce diplôme peut être préparé en formation initiale, le cursus est orienté vers les bovins laitiers et les porcins, mais les étudiants peuvent également faire des stages en ovins, caprins, ou autre élevages, selon leurs motivations. « Le BTSA PA est un bon tremplin vers des études supérieures », indique Anne-Laure Coudour, responsable de cette formation à Ressins.
Durant les seize semaines de stage obligatoire, les étudiants vont aller en organisation professionnelle agricole, où ils prépareront un rapport sur une problématique précise, puis en exploitation agricole, en France et à l’étranger. En complément, une semaine de stage collectif permet à toute la classe de découvrir les réalités de l’élevage dans une autre région française. 85 % continuent leurs études Les cours portent sur les sciences, les processus biologiques en lien avec l’animal, l’élevage dans le contexte sociétal… Le lycée propose des activités expérimentales sur le terrain ou en laboratoire. L’enseignement a aussi pour objectif de conférer des aptitudes orales et écrites pour expliquer et convaincre. « À l’issue de notre BTS, 85 % des élèves continuent leurs études, soit vers un Bac +3, comme une licence pro, soit ils préparent le concours des écoles vétérinaires en un an, indique Anne-Laure Coudour. Ils peuvent aussi entrer à l’Isara-Lyon, école d’ingénieurs avec laquelle nous avons un partenariat, ou encore suivre un certificat de spécialisation, par exemple sur la production et la commercialisation des produits fermiers. » Les 15 % restants s’installent ou débutent comme salariés agricoles.
« Le BTSA PA est un diplôme porteur, et les jeunes sont plutôt motivés à s’engager », constate la responsable. Pour se démarquer, le lycée propose un BTSA « sup », avec un enseignement renforcé dans les matières générales à destination de celles et ceux qui souhaitent continuer leurs études. Le lycée organise aussi différents modules pour mettre les élèves en situation de techniciens : installation, projet expérimental sur un troupeau de l’exploitation, projet bâtiment pour des éleveurs…