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Écoles d’ingénieurs : Des étudiants emballés par l'écoconception
Au sein de l’Institut Agro Dijon et de l’ISA de Lille, les étudiants en dernière année de cycle ingénieur en agroalimentaire peuvent se spécialiser dans l’écoconception. Ils sont nombreux à s’inscrire dans ce cursus.
L’école d’ingénieurs ISA de Junia, située à Lille, et l’Institut Agro Dijon sentent un réel intérêt des étudiants pour le sujet de l’écoconception dans le secteur agroalimentaire. Pour preuve, les effectifs d’élèves qui suivent la dominante d’approfondissement « Foodpack : écoconcevoir des emballages alimentaires », proposée en dernière année du cycle ingénieur agroalimentaire de l’Institut Agro Dijon, ont explosé ces dernières années, passant de 10 à 12 élèves en moyenne, à 20 élèves en 2021 et 28 pour cette rentrée.
Cette spécialisation a été lancée en 2010. « Il y avait une vraie demande des industriels pour avoir des ingénieurs avec la double compétence produit/emballage. […] Ce qui nous préoccupait alors était surtout lié à l’aspect sécurité sanitaire, avec les risques de migration, se remémore Isabelle Severin, maître de conférences et responsable de la dominante. Depuis trois ans, il y a une évolution faramineuse de la demande des industriels pour se positionner sur l’écoconception. »
Dans ce contexte, la formation a évolué. La dominante compte aujourd’hui 19 heures consacrées exclusivement à ce sujet avec l’intervention de professionnels venant de l’extérieur (Citeo, experts…). « Ils travaillent sur des projets pour lesquels ils partent d’un emballage et réfléchissent à la manière de le faire évoluer en l’allégeant, en changeant les matériaux, tout en conservant les propriétés barrières qui garantissent la qualité du produit », raconte Isabelle Severin.
Les étudiants peuvent suivre cette dominante par la voie scolaire ou celle de l’alternance. Douze contrats de professionnalisation ont été signés cette année. Les débouchés restent larges : les étudiants pourront évoluer dans différents services (packaging, R&D, production, affaires réglementaires, achat…) dans l’alimentaire, mais aussi dans la cosmétique.
Un lancement réussi
Au sein de l’ISA de Lille, l’écoconception s’est immiscée aussi dans les domaines d’approfondissement proposés en fin de cycle ingénieur agroalimentaire. Depuis deux ans, la spécialisation « R&D », uniquement proposée en alternance, intègre l’écoconception. Virginie Molinier, coordinatrice de cette dominante au sein de l’ISA, explique que les étudiants suivent ainsi deux semaines de cours sur cette thématique et participent à un projet sur ce sujet avec une entreprise : « Ils vont par exemple développer des produits avec des déchets de brasserie et réfléchir à un produit qui aura le moins d’impact sur l’environnement », indique-t-elle.
Au sein du domaine d’approfondissement « Food quality & Ecodesign » de l’ISA, Caroline Kaczmarek, la coordinatrice, précise que, contrairement à la dominante « R&D », ils ne travaillent pas « sur la création, mais sur l’analyse d’un existant », pour diminuer par exemple la consommation en eau lors d’un processus de transformation. « Nous prenons le sujet de l’écoconception dans son ensemble depuis les matières premières jusqu’à la fin de vie des produits, en passant par les différentes étapes », résume-t-elle. Dans cette spécialité, les élèves étudieront ainsi spécifiquement l’analyse du cycle de vie (ACV) des produits, alors que les alternants en « R&D » apprendront surtout des notions. Lancé cette année, le domaine « Food quality & Ecodesign » remplit déjà ses effectifs avec quinze élèves. Cette spécialisation, proposée par la voie scolaire et exclusivement en anglais, forme les futurs responsables qualité qui prendront en compte le sujet de l’écoconception, et donc le respect de l’environnement, tout au long du cycle de vie du produit alimentaire.
— Caroline EVEN (Tribune Verte 2999)