Écolience, Poitou-Charentes : Un projet Bio du champ à l'assiette pour 12 M€

Écolience, Poitou-Charentes : Un projet Bio du champ à l'assiette pour 12 M€

Dans le sud-Vienne, le projet Écolience vise la valorisation de 3 000 ha de cultures bio, grâce à son unité de fabrication de 3 600 m² en cours de construction à côté de Civray. 70 emplois seraient créés à terme, pour un investissement de 12 M€.

«Éco » pour écosystème, et « lience » pour résilience. Voici les racines du projet Écolience, qui s’implante sur les communes de Genouillé et Asnois, dans le sud du département de la Vienne. Produire, transformer et commercialiser les produits d’une exploitation bio de 260 ha, voici le nouveau défi que se sont ainsi lancé Frédéric Grünblatt et Marlène Castan. Les travaux ont débuté le 1er juin 2021.

Bière, huile, pain…

Après une carrière fructueuse dans le milieu de la bio démarrée en 1987, ayant notamment géré un réseau de magasins spécialisés bio (Rayons verts services), puis un grossiste en ultra-frais bio (Vitafrais), les deux entrepreneurs de Reims ont choisi un projet « du champ à l’assiette ». L’opportunité a été saisie avec la cession d’une ferme de 260 ha d’un seul tenant dans le Civraisien, alors acquise en 2018.

Sur la partie végétale, les entrepreneurs imaginent passer l’exploitation de 5 à 22 espèces différentes en bio, destinées à la transformation sur site en pâtes, bières, biscuits, huile et pains. L’exploitation intégrera aussi une production d’oeufs (cinq poulaillers de 300 poules), sans oublier un atelier de fruits et légumes. Des plats préparés sont également au programme, tout comme la production de fromages à partir d’un troupeau de 350 chèvres poitevines devant rejoindre l’exploitation fin 2022-début 2023. L’enjeu est de sortir 500 t de grains sur l’exploitation, pour faire tourner l’unité de transformation en cours de construction sur le site, sur 3 600 m². Le site intégrera aussi de l’accueil pour permettre aux visiteurs de découvrir la production, de se restaurer sur place et d’acheter les produits. « Ce sera une sorte de grosse cuisine pour alimenter le territoire », résume Frédéric Grünblatt.

Besoin de 8 000 t bio

Écolience vise également des partenariats avec des agriculteurs locaux (rayon de 100 km), pour approvisionner ses outils de transformation, soit un besoin de 3 000 ha en bio. L’entreprise traiterait ainsi plus de 8 000 t de production céréalière à l’horizon 2025. « En cinq ans, si l’on suit le niveau de conversion, nous aurons gagné plus de 10 000 ha en bio sur un rayon de 3 km. Donc il y aura suffisamment d’approvisionnement pour les besoins du projet Écolience qui va capter une partie des conversions supplémentaires », estime Marlène Castan, mettant en avant la contractualisation pluriannuelle auprès d’une centaine d’agriculteurs, pour fournir les 7 000 t supplémentaires à la production sur site.

La commercialisation des produits se fera sur le magasin du site, par Internet, auprès du réseau de magasins spécialisés bio de l’Ouest, et éventuellement avec la GMS, selon les gérants. Si 17 emplois seront créés dès 2022, c’est bien 70 postes qu’imaginent ouvrir les entrepreneurs d’ici 2026. L’usine devrait générer un chiffre d’affaires de 20 M€ à cinq ans. Sur la totalité de l’investissement, les porteurs de projets espèrent pouvoir bénéficier de 20 % de subventions, notamment avec les fonds Feader, le fond Avenir Bio, ou encore le projet alimentaire territorial (PAT) du Grand Poitiers. « Si notre projet montre sa pertinence économique, environnementale et sociétale, l’enjeu ne sera pas d’agrandir l’unité de production, mais bien d’envisager de nouveaux sites similaires, portés par d’autres énergies dans d’autres territoires. À nous désormais de prouver que ce nouveau modèle a de l’avenir », termine Marlène Castan.

—— Olivier LÉVÊQUE -Tribune Verte 2969)