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En Auvergne-Rhône-Alpes le changement (climatique), c’est maintenant
La chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes prend à bras-le-corps le dossier du changement climatique. Elle se dote pour cela d’une équipe dédiée et d’outils de modélisation qui aideront les professionnels de l’agriculture à s’adapter.
Le sujet de l’agroenvironnement a commencé dans les chambres d’agriculture par un intérêt porté aux produits phytosanitaires. Les enjeux climatiques, la demande sociétale et les réglementations européennes ont peu à peu élargi et renforcé les missions sur le sujet, au point de devenir un thème de travail à part entière. Aujourd’hui, il existe donc une équipe climat-air-énergie à la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes. « Nous nous occupons de coordonner des projets régionaux, mais nous sommes également la courroie de transmission entre le réseau des chambres départementales et le national », explique Thomas Pacaud, responsable de l’équipe.
Faciliter les conditions du changement
Les conseillers doivent utiliser beaucoup de relationnel, d’animation, de communication auprès des agriculteurs et du grand public avec des conférences, des événements, des stands. Ils font le lien entre différents réseaux d’acteurs, du départemental au national, sur des sujets variés. « Pour le métier de chargé de mission climat-énergies, nous recherchons des personnes capables de formaliser une stratégie régionale, avec des idées et des plans d’actions davantage que des connaissances techniques pointues sur le sujet », indique Thomas Pacaud. La diversité des interlocuteurs est à mettre en relation avec la pluralité des missions : trouver, avec les conseillers de chambres départementales, des moyens pour intégrer le changement climatique dans leurs accompagnements, travailler avec les élus aux orientations stratégiques sur des dossiers spécifiques, comme les panneaux photovoltaïques au sol, ou encore participer à l’élaboration de la stratégie régionale vis-à-vis du climat, pour le volet agricole. « Rédiger de telles stratégies demande un important travail d’état des lieux de l’existant, et de co-construction avec les élus, pour obtenir un document cadre conforme à la réglementation, tout en menant des actions qui aient du sens », indique-t-il.
Des outils pour décider
Et pour mener cet état des lieux, la chambre régionale d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes a commencé la conception d’une première version du livret Oracle (Observatoire régional sur l’agriculture et le changement climatique). Avec le soutien de l’Ademe, cet observatoire doit acquérir de véritables références pour suivre le changement climatique et ses conséquences pour l’agriculture. C’est typiquement un outil qu’utiliseront les conseillers climat-énergie, pour aider les décideurs agricoles à prendre en compte l’évolution du climat dans leurs décisions. Le livret se base sur des données régionales fournies par Météo France. Les indicateurs sont classés en cinq thèmes : changement climatique, agroclimat, impacts agricoles, adaptations et atténuations. Plusieurs fiches spécifiques, par département ou par production (maïs, blé, vigne, prairies) sont ensuite éditées. Les fiches sont constituées d’une rapide contextualisation, d’une frise mettant en relation les risques climatiques et les impacts agricoles avec les stades phénologiques, de graphiques illustrant les principales tendances observées ainsi que d’explications plus détaillées sur les impacts du changement climatique sur la culture. Un autre outil développé par la chambre, complémentaire d’Oracle, simule l’évolution d’indications climatiques pour les décennies à venir. Baptisé Clima XXI, il est construit à partir du modèle Aladin de Météo France et offre une précision quasiment à l’échelle communale (maille de 8 km de côté). Outil d’aide à la décision, il devrait permettre d’éclairer les choix stratégiques à moyen et long termes face aux contraintes climatiques qui s’imposeront à tous.
— Marc GUILBAUD (Tribune Verte 3024)