Etre entreprenant et développer son expérience

Etre entreprenant et développer son expérience

Acquérir les compétences pour créer son entreprise, voire la monter lorsque l’on est encore étudiant, c’est possible. Avec les pôles entrepreneuriat, les étudiants peuvent se lancer sans avoir grand-chose à perdre, hormis un peu de temps…

De nombreuses écoles d’ingénieurs agricoles proposent des pôles entrepreneuriat. C’est le cas notamment de l’Ensaia, à Nancy, qui bénéficie du pôle entrepreneuriat de l’université de Lorraine, dont elle fait partie. « Notre dispositif se destine à tous les étudiants, qu’ils soient en licence, en master, en école d’ingénieurs ou en doctorat, présente Christophe  Schmitt, vice-président en charge de l’entrepreneuriat et de l’incubation à l’université de Lorraine. En résumé, nous sommes là pour accompagner l’étudiant qui a envie d’entreprendre et de se battre pour ses idées. Le but est de permettre aux jeunes de s’essayer sur leur projet. Nous travaillons très en amont, et l’idée n’est pas de créer une entreprise, mais de faire avancer un projet. Souvent, les gens ne souhaitent pas forcément monter une entreprise, mais ont les idées. La création d’une société n’est que la conséquence. »

Trois dimensions

Le pôle entrepreneuriat travaille sur trois dimensions : moi, mon projet et mon écosystème. Les étudiants viennent avec leurs idées et l’école les aide à mieux se comprendre afin d’affiner et de définir leur projet. Ainsi, ils peuvent ensuite rencontrer les acteurs de l’écosystème et se faire connaître. Ces acteurs sont majoritairement des chefs d’entreprise, des structures d’accompagnement, ou encore des financeurs. Les élèves sont accueillis dans ce pôle tout au long de l’année. Ils bénéficient d’un chargé de projet, de formations, d’espaces de travail, mais aussi, potentiellement, de bourses. « Tant qu’ils sont inscrits à l’université avec une carte d’étudiant, ils peuvent intégrer le pôle entrepreneuriat, précise Christophe Schmitt. Si leur projet dure plus longtemps, et qu’ils ont fini leurs études, il leur est possible de rentrer dans une formation spécifique afin de se consacrer à 100 % à leur projet. »

Plus de 500 étudiants entrepreneurs

« Avec notre dispositif PeeL (pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine), nous sommes, depuis cinq ans de suite,  l’université la plus entreprenante. C’est-à-dire que nous avons le plus d’étudiants entrepreneur en France, commente Christophe Schmitt. Pour 2020-2021, nous allons dépasser les 500 étudiants entrepreneurs. Cela traduit une jeunesse avec plein d’idées, qui souhaite s’essayer et partager sa vision du monde avec les autres. Alors qu’avant, c’était plus “les anciens” qui avaient le droit d’avoir une vision différente, et les jeunes de rester dans le rang, avant, eux-mêmes, de devenir ancien et de faire quelque chose. »

Suite à ce passage par le pôle entrepreneuriat, un bon quart des étudiants créent leur entreprise. « La finalité de ce dispositif n’est pas la création d’entreprise, souligne Christophe Schmitt. Si l’étudiant n’a pas porté son projet jusqu’au bout, ce n’est pas grave. L’important est d’être entreprenant et de se développer de l’expérience. » Même si l’on ne finit pas chef d’entreprise, ce passage par le pôle entrepreneuriat apporte un vrai plus sur un CV. De plus, certains étudiants peuvent très bien développer leur idée dans l’entreprise qui les embauche. « Il arrive parfois que certains porteurs de projet se fassent ‘‘débaucher’’ suite à une rencontre dans l’écosystème, par exemple. Ou encore des entreprises qui proposent directement aux étudiants de réaliser leur projet chez elles. D’où l’importance des rencontres entre les deux partis. » Les challenges et les concours organisés par le pôle entrepreneuriat ont, là aussi, comme intérêt d’amener les acteurs de l’écosystème. Prochainement, se déroulera un food hackathon sur la Lorraine. Certains étudiants pourront ainsi faire connaître leur projet en lien avec le domaine de l’alimentation. Le pôle entrepreneuriat les incite à s’inscrire aux concours. Cela les oblige à formaliser leur projet, et à se faire challenger par rapport à un jury. « Nous avons, par exemple, un étudiant entrepreneur issu d’une école d’ingénieurs en agronomie, qui est en demi-finale nationale d’Enactus. Son projet concerne l’utilisation de vers qui vont ingurgiter du plastique, afin de le recycler et de produire un engrais avec les déjections. Nous avons également, en janvier, le grand oral du PeeL, avec plus d’une centaine de projets présentés. On invite les acteurs de l’écosystème à venir, et pourquoi pas, à se servir si un projet les intéresse. »

—— Willy DESCHAMPS (Tribune Verte 2965)

Les Entrep’ : ENTRAÎNEZ-VOUS À DEVENIR ENTREPRENEUR

Les Entrep’ est un programme dispensé par des professionnels pour tester l’entrepreneuriat pendant cinq mois. Les sessions se déroulent de novembre à mars et sont compatibles avec les études ou un emploi en parallèle. Il n’y a pas de théorie, uniquement de l’expérience terrain. Il s’agit de s’entraîner à créer une entreprise ou une start-up en équipe de trois à cinq. Les conditions sont d’avoir trente ans et moins, d’être post-Bac, étudiant, jeune diplômé ou en recherche d’activité. Chaque équipe est alors conseillée par un chef d’entreprise et par un coach. Enfin, le programme est gratuit, et à la fin de celui-ci, un certificat atteste l’acquisition d’au moins quatre des six compétences entrepreneuriales. Les Entrep’, c’est plus de 14 400 jeunes bénéficiaires, 3 468 projets d’entreprise menés, 2 557 certificats délivrés et 150 entreprises créées.

Carrés Futés : UN PROJET ÉTUDIANT QUI SE TRANSFORME EN UNE RÉALITÉ COMMERCIALE

Camille Bloch a créé Carrés Futés, des carrés de légumes à cuisiner, fruit d’un projet étudiant qui s’est concrétisé par la création d’une entreprise. Alors étudiante en école d’ingénieurs en agroalimentaire, à l’Ensaia de Nancy, elle participe à un projet d’innovation alimentaire lors de sa dernière année. « Nous étions une équipe d’étudiants et nous devions inventer un nouveau produit. Le but était de participer au concours d’innovation alimentaire Écotrophelia, et d’inventer le produit de demain, explique Camille Bloch. Nous avons développé Carré Léon, des tablettes de légumes à cuisiner. À l’origine, notre participation à ce concours n’était pas dans le but d’entreprendre, il s’agissait uniquement d’un projet scolaire. Mais j’avais choisi de le faire, car cela m’intéressait de mettre en place un projet de A à Z. » Les étudiants y consacrent leur temps durant six mois et remportent le concours au niveau français, puis au niveau européen. Ses études terminées, Camille Bloch décide de lancer le projet : « Je me suis dit qu’il y avait un potentiel avec ce produit, et l’aspect entreprenariat me motivait, évoque la jeune femme. Après un CDD de six mois, je me suis lancée avec mon associé. Nous avons opté pour un statut d’étudiant entrepreneur, qu’il est possible d’obtenir jusqu’à trois ans après la fin de ses études. Cela nous a permis d’être rattachés à une université et d’être accompagnés dans la création de notre entreprise. Nous avions notamment accès à des locaux à des prix intéressants, un avantage lorsque l’on débute et que l’on a peu de moyens. » Finalement, ce projet étudiant a propulsé Camille Bloch dans le monde de l’entreprenariat plus tôt que prévu. « J’avais vraiment l’envie, à terme, de monter ma société, mais je ne voulais pas me lancer sans avoir d’idée. Le fait de participer à ce concours a accéléré les choses, souligne-t-elle. Aujourd’hui, nous sommes sept personnes chez Carrés Futés, dont quatre CDI. Nous disposons d’une gamme de neuf produits (tablettes de légumes et de fruits), distribués dans plus de 1 000 points de ventes en France. »

Les Entrep’ : ENTRAÎNEZ-VOUS À DEVENIR ENTREPRENEUR

Les Entrep’ est un programme dispensé par des professionnels pour tester l’entrepreneuriat pendant cinq mois. Les sessions se déroulent de novembre à mars et sont compatibles avec les études ou un emploi en parallèle. Il n’y a pas de théorie, uniquement de l’expérience terrain. Il s’agit de s’entraîner à créer une entreprise ou une start-up en équipe de trois à cinq. Les conditions sont d’avoir trente ans et moins, d’être post-Bac, étudiant, jeune diplômé ou en recherche d’activité. Chaque équipe est alors conseillée par un chef d’entreprise et par un coach. Enfin, le programme est gratuit, et à la fin de celui-ci, un certificat atteste l’acquisition d’au moins quatre des six compétences entrepreneuriales. Les Entrep’, c’est plus de 14 400 jeunes bénéficiaires, 3 468 projets d’entreprise menés, 2 557 certificats délivrés et 150 entreprises créées.