Étude du Céreq : Coup de rétro sur 20 ans d’apprentissage

Étude du Céreq : Coup de rétro sur 20 ans d’apprentissage

Favoriser l’usage de l’apprentissage pendant les périodes creuses du cycle économique pourrait être une des clés de la poursuite de son développement.

Les enquêtes Génération, réalisées depuis le début des années 1990, constituent un outil pertinent pour jauger les effets de l’apprentissage en matière d’insertion, dans des contextes en évolution permanente. Les générations de sortants enquêtées ont quitté le système de formation à des périodes différentes, ce qui permet d’apprécier l’impact de la conjoncture économique sur leur insertion.

Apprentissage et insertion

Apprécier les performances spécifiques de l’apprentissage en matière d’insertion contraint à certaines dispositions méthodologiques. D’abord, pour chacun des niveaux de formation considérés, seules sont retenues dans l’analyse les spécialités de diplôme pour lesquelles existe la possibilité de choisir entre la filière scolaire et la filière par apprentissage. Les apprentis présentent des profils socioculturels et des parcours de plus en plus diversifiés.

Certains cherchent à acquérir des compétences spécifiques, des savoirs pratiques issus de l’activité, des expériences du monde du travail, pour « professionnaliser » un parcours de formation généraliste et transversal. La rapidité d’accès à l’emploi des apprentis résulte d’un « effet contact » avec l’entreprise. Inhérente à la nature du contrat de travail dont bénéficient les apprentis, celle-ci peut aussi être intégrée au parcours de jeunes issus de la voie scolaire par l’intermédiaire de jobs de vacances ou de petits emplois occupés pendant leurs études. Les apprentis bénéficient d’une forme de « pré-recrutement » par l’entreprise formatrice. Pour les autres apprentis, qui ne profitent pas de ce « pré-recrutement » par l’entreprise formatrice, la vitesse d’accès à un premier emploi significatif est globalement équivalente à celle des scolaires qui déclarent avoir acquis une expérience professionnelle pendant leurs études. La dégradation de la situation économique, subie par les sortants de la génération 1992 et encore plus intensément par ceux de la génération 2010, a surtout touché les sortants les moins diplômés, qu’ils aient été scolaires ou apprentis. Au cours des trois premières années d’insertion de la génération 2010, l’écart d’accès à l’emploi entre ces deux populations a eu tendance à légèrement se réduire. Mais les apprentis semblent mieux profiter des périodes de reprise que les scolaires. Plus le niveau de formation augmente, moins l’apprentissage fait la différence. Les conditions d’exercice et d’insertion de l’apprentissage sont procycliques. Premièrement, ils éprouvent plus de difficultés à trouver une entreprise d’apprentissage. L’effet apprentissage diffère selon les niveaux de formation.

Par ailleurs, pour les apprentis les plus diplômés, l’importance de l’embauche par l’entreprise de formation ne paraît pas aussi cruciale pour réussir son entrée dans la vie active. Quitter l’entreprise de formation peut être un choix rationnel au regard des projets de carrière, d’accroissement des compétences, ou tout simplement des perspectives salariales. Enfin, l’examen de la qualité des emplois occupés, à la sortie du système éducatif ou après cinq ans de vie active, permet de constater que la proportion d’emplois stables est croissante avec l’ancienneté sur le marché du travail et corrélée au niveau de formation.

Un avantage supplémentaire

Si une expérience professionnelle, acquise avant la fin de la formation initiale, contribue à réduire le temps de recherche du premier emploi pour tous les jeunes, les apprentis bénéficient cependant d’un avantage supplémentaire, issu de l’« effet contact » avec l’entreprise où ils ont été accueillis en alternance. Ensuite, les gains de l’apprentissage se révèlent être procycliques, particulièrement pour les apprentis de premier niveau de qualification.

—— D’après l'ouvrage 20 ans d'insertion professionnelles des jeunes ; entre permanence et évolution, T. Couppié, A. Dupray, D. Epiphane, V. Mora (Coord.), CÉREQ ESSENTIELS N°1, 2018.