Gaïago : Revitaliser les sols et les agrosystèmes

Gaïago : Revitaliser les sols et les agrosystèmes

Depuis septembre 2014, Gaïago vise à revitaliser les sols et les agrosystèmes. Née d’une simple idée du duo formé par Francis Bucaille et Samuel Marquet, l’entreprise située à Saint-Malo compte aujourd’hui 50 employés. L’objectif des deux entrepreneurs est de proposer à la fois une solution aux agriculteurs et aux distributeurs. Une volonté qui s’étend au-delà de la France et même de l’Europe.

Nous voulons être dans la transition agro-écologique l’entreprise leader de la revitalisation des sols », martèle Samuel Marquet, le cofondateur de Gaïago. Il faut dire que, sept ans après sa création, la structure qu’il a imaginée avec  Francis Bucaille a bien grandi puisqu’elle compte déjà 50 employés. Depuis 2019, la paire fondatrice de la société malouine a même donné un vrai coup d’accélérateur avec l’arrivée à la présidence de Jean-Pierre Princen, l’ancien patron de Goëmar, une entité spécialisée notamment dans le domaine des biostimulants, et basée également à Saint-Malo. À l’instar de Goëmar, l’un des objectifs de l’ingénieur en agriculture Samuel Marquet et de l’agriculteur et expert de l’agronomie Francis Bucaille est de proposer des solutions innovantes. Selon l’entreprise, celles-ci sont « basées sur l’activation sélective de la microbiologie, principalement dans les sols, mais aussi autour de la graine et sur la plante, en vue de revitaliser les agrosystèmes ». Parmi ces solutions, « (Nutrigéo) le premier prébiotique des sols, un produit qui permet de réveiller et de développer les micro-organismes bénéfiques du sol et de générer ainsi de nombreux bénéfices agronomiques, nutritionnels et environnementaux ».

Presque un tiers des agriculteurs prêts à changer leur pratique

Cibles prioritaires de Gaïago ? Les distributeurs et les agriculteurs. Au sein des premiers (80 au total, répartis dans l’Hexagone et en Europe), des groupes comme Agrial, Terrena ou Soufflet. Samuel Marquet explique que « le but est de les aider de passer d’un modèle problème/solution à une vision beaucoup plus globale des choses. C’est l’approche Gaïago : nous allons rebooster la vie, et c’est celle-ci qui va aider votre plante à être en bonne santé et à être productive. Il y a quand même une vraie pression sociétale à mettre moins de produits de synthèse, d’autant plus qu’il y a aussi un tas de produits sur le marché qui sont en train de disparaître, et sans forcément de remplacement : tous les ans, il y a (par exemple) au moins une dizaine de molécules qui disparaissent ». Avec ces partenaires, l’un des enjeux du métier de l’entreprise malouine, ajoute-t-il, est d’aller vers les 30 % d’agriculteurs « qui sont prêts à changer leur pratique. Ce sont eux qui vont convaincre tout le reste de la population agricole que les pratiques mises en place sont non seulement vertueuses mais qu’en plus elles renforcent leur solidité économique ». Concrètement, quand les agriculteurs utilisent les produits Gaïago, « ils réduisent leurs intrants, d’azote de synthèse, de produits phytopharmaceutiques, parce que leurs plantes et leurs sols sont en meilleure santé ».

Après avoir observé que personne sur le marché n’apportait « une solution globale », Samuel Marquet et Francis Bucaille ont décidé qu’il leur incombait de « commencer à la construire ». À l’issue de cette étape cruciale, les deux compères se sont ensuite tournés vers d’autres talents pour que leur approche « puisse se développer largement ».

En premier lieu, Gaïago a créé le poste d’ingénieur des sols vivants (ISV) pour, précise Samuel Marquet, « aider la distribution à aller regarder les sols et les aider à prendre des indicateurs et des comparatifs ». Forte de son succès, l’entreprise recherche désormais d’autres ISV, mais aussi sept nouveaux ingénieurs pour l’innovation filière afin de « travailler encore plus sur des filières stratégiques comme la pomme de terre, les légumes, et la vigne », passant ainsi « de la source à la fourchette ». Autres secteurs concernés par de futurs recrutements : les parties R&D et production, alors que la société a déjà embauché des personnes au sein de l’administration, de la gestion financière, et comme ADV.

Consciente de l’importance à accorder aux jeunes, Gaïago, dont la moyenne d’âge des employés est de 34 ans, a aussi signé une chaire de recherche avec (le pôle d’enseignement supérieur) UniLaSalle Beauvais afin de « travailler sur différentes thématiques, à la fois autour du sol mais aussi du biocontrôle ». Dans la soixantaine de personnes que comptera l’effectif courant 2022, l’entreprise, qui travaille aussi avec AgroParisTech et Purpan Toulouse, prévoit notamment d’inclure « sept ou huit stagiaires ingénieurs au printemps ».

Un développement à l’échelle européenne

Bien implantée sur le plan national, Gaïago table aussi sur une croissance au niveau européen. Fin 2021, quatre personnes viendront se joindre à l’entité allemande ouverte en début d’année, alors que l’entreprise est déjà présente en Belgique, aux Pays-Bas, en République tchèque et en Pologne. Samuel Marquet insiste sur le fait que, sur les deux ans qui viennent, « l’objectif est de structurer toute l’organisation européenne, continuer les partenariats industriels et, après, étendre au-delà de l’Europe le développement de Gaïago. Selon les statistiques de la FAO, il y a plus de 66 % des sols mondiaux qui sont dégradés ou très dégradés. Et nous savons très clairement qu’avec les gammes de produits Gaïago, aujourd’hui en moins de six mois, nous voyons déjà les premiers effets sur l’érosion des sols par exemple ».

La société située à Saint-Malo, toujours soucieuse d’encourager les agriculteurs dans leur démarche de changement de paradigme, a également signé un accord de collaboration cet été avec Corteva, l’un des leaders mondiaux de l’agrochimie, dans le cadre du développement d’un biofongicide. Pour le cofondateur de Gaïago, il s’agit simplement « d’accélérer la transition agro-écologique. Et donc nous voulons toucher un maximum d’agriculteurs de façon globale par le biais de la distribution agricole qui est notre premier métier, et nous le faisons aussi à travers des partenariats stratégiques, comme avec Corteva ».

— Pierre MOYON (Tribune Verte 2976)

GAÏAGO EN CHIFFRES

  • 50 employés
  • 140 millions d’euros de chiffre d’affaires prévus pour 2027 (le CA double tous les ans)
  • 80 distributeurs en France, 30 à l’international
  • 15 recrutements programmés d’ici 2021-2022, et 120 d’ici 2024

Zoom sur… LES PROJETS DE GAÏAGO

Une solution biologique pour fixer l’azote de l’air

Le 11 octobre dernier, Gaïago a lancé en Europe son probiotique homologué FREE N 100, « qui permet à toute plante de fixer l’azote de l’air ». La société malouine souligne à ce sujet que les essais menés cette année « confirment que sur céréales et dans les bonnes conditions d’utilisation, le produit compense l’équivalent de 30 unités d’azote de synthèse à rendement égal ».

À court terme : le stockage du carbone dans les sols

Gaïago travaille de manière intense sur cette idée qu’elle prévoit d’évoquer fin 2021, début 2022. Pour Samuel Marquet, « les agriculteurs ont un rôle énorme à jouer en stockant du carbone dans les sols. Nous pouvons changer nos pratiques et bien évidemment nous allons réduire nos émissions mais, à un moment donné, le fait de stocker du carbone dans les sols aura un impact direct sur le changement climatique ».

À moyen terme : une nouvelle usine en 2023

Samuel Marquet a évoqué la levée de fonds de 13 millions d’euros effectuée en juillet dernier auprès de divers organismes. À ce sujet, le cofondateur de Gaïago a rappelé qu’une partie des sommes sont réservées au « développement des outils industriels », à l’image de cette nouvelle usine que l’entreprise va construire « dans la région malouine à l’horizon 2023 ».