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GMG Saumon de France : Du saumon élevé dans la Manche
Dans la rade de Cherbourg, la seule salmoniculture de mer française d’envergure élève près de 400 tonnes de saumon atlantique et 200 tonnes de truite de mer. Son président, Pascal Goumain, possède également quatre piscicultures d’eau douce et développe l’aquaculture hors-sol, en partenariat avec la Scael.
Pascal Goumain préside l’une de plus grandes fermes aquacoles marines du pays : GMG Saumon de France. Il a racheté cet élevage de saumon en mer en 2014, après avoir créé le groupe AMP (Aquaponic Management Project), dont la ferme fait partie. Chaque année, l’élevage produit 300 à 400 tonnes de saumon atlantique et 150 à 200 tonnes de truite de mer. Située dans la grande rade de Cherbourg (Manche), l’équipement compte 24 cages en mer sur une surface de 15 ha. Des cages protégées des intempéries par la digue, mais soumises à l’un des plus puissants courants d’Europe.
La forte circulation d’eau incite le poisson à nager à contre-courant et à se muscler : « Cela donne un produit premium reconnu comme tel par le marché », explique Pascal Goumain. Un « adulte » s’élève en trente mois, mais Saumon de France n’accueille ses saumons que sur leur dernier stade d’existence. En effet, les poissons vivent leurs premiers mois en eau douce avant de se transformer en smolt, un petit saumon capable de subsister en eau de mer. Ainsi, les spécimens arrivent sur la ferme marine de Cherbourg à l’état de smolt et finissent leur croissance dans les cages en mer, jusqu’à atteindre leur poids commercialisable, soit environ 4,5 kg.
1 000 tonnes d’ici trois ans
« Le changement climatique a décimé l’ensemble du cheptel l’été dernier : la température de la Manche a atteint 21 °C pendant un mois, soit entre 3 et 4 °C de trop pour le saumon », raconte Pascal Goumain. Ces lourds désagréments ont placé la moitié des salariés de la ferme au chômage technique pendant près d’un an. Le recrutement n’est donc pas à l’ordre du jour pour l’entreprise. Le président reste toutefois confiant, car il s’est rapproché d’autres structures françaises d’élevage pour assurer son activité : « On espère produire 1 000 tonnes de poisson d’ici trois ans et donc embaucher à nouveau dans les années à venir. »
La société héberge différents métiers aquacoles : responsable d’écloserie, responsable de grossissement – appelé « éleveur » –, ouvrier et technicien aquacole… Les autres fonctions sont de l’ordre agroalimentaire : conditionnement, filetage et fumaison. Pour les postes aquacoles, les profils recherchés nécessitent une formation technique, comme un BTS en aquaculture ou un diplôme d’ingénieur agronome spécialisé en aquaculture. « C’est un secteur de niche, rappelle Pascal Goumain, donc on cherche surtout des personnes passionnées par le métier et ayant un réel intérêt pour la filière. »
Un système aquaponique clé en main
En plus de son activité d’aquaculture marine, le groupe AMP a racheté en 2019 la Pisciculture de l’Eure, qui regroupe quatre équipements d’eau douce et produit 1 000 tonnes de truite par an. Aussi, en partenariat avec l’un de ses actionnaires, la coopérative Scael, Pascal Goumain développe l’élevage de poisson hors-sol. En effet, les deux partenaires souhaitent proposer un système aquaponique clé en main aux agriculteurs adhérents de la Scael, afin de diversifier leur activité agricole. Les projets de Pascal Goumain ne s’arrêtent pas là, puisque l’entreprise a obtenu depuis peu des concessions dans le parc éolien offshore en passe d’être construit au large de Cherbourg. Le groupe AMP étudie l’éventuelle mise en place de l’Amti (aquaculture multitrophique intégrée), afin de coproduire des algues et coquillages sur ce site.
— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3019)
Chiffres clés : GMG SAUMON DE FRANCE
- Superficie : 15 ha (24 cages en mer).
- Production : 300 à 400 tonnes de saumons et 150 à 200 tonnes de truites de mer.
- Salariés : 45 ETP.
- Chiffre d’affaires : 10 millions d’euros.
- Commercialisation : un tiers grande distribution, un tiers fumeurs, un tiers grossistes et mareyeurs.