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Ifria Paca « Les entreprises doivent se vendre »
Ces dernières années, face à une offre en contrats d’alternance plus étoffée sur le marché, les candidats étudiants seraient plus exigeants pour choisir leurs entreprises d’accueil. À charge alors pour l’employeur de mettre en avant ses atouts pour séduire ses futurs salariés.
«Pourquoi vous plutôt qu’une autre entreprise ? », « J’ai déjà une autre proposition : je reviendrai vers vous dans une semaine si cela vous convient. » Voilà des phrases entendues, il y a quelque temps déjà, par des entreprises recrutant des alternants. « Aujourd’hui, ce ne sont plus les étudiants qui doivent se vendre mais les entreprises. Dans l’agroalimentaire, il y a toujours eu des problèmes de recrutement, mais ils sont encore plus importants maintenant », analyse Sabrina Juillan, chargée de mission sourcing et communication à l’Ifria Paca, un centre de formation dédié aux métiers de l’industrie alimentaire par alternance.
Elle observe ce changement de posture des candidats à l’alternance envers les entreprises depuis environ trois ans. Avec le développement des offres d’alternance, soutenu notamment par les aides gouvernementales aux employeurs, les candidats disposeraient en effet aujourd’hui d’un plus grand choix pour effectuer leur contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Pour Sabrina Juillan, ce changement d’attitude s’expliquerait aussi par l’état d’esprit des jeunes arrivant bientôt sur le marché du travail et ayant connu la Covid-19 : « Les étudiants aspirent à un métier où ils peuvent faire peu d’horaires avec un niveau de salaire satisfaisant. […] Ils privilégient le bien-être et leur vie personnelle plutôt que professionnelle. »
Selon la chargée de mission, certains profils de bacheliers à la recherche de contrats d’alternance seraient également plus exigeants envers les entreprises. Cela viendrait de leur manque de connaissance sur l’apprentissage et d’idées préconçues sur les métiers, les conditions de travail et notamment les salaires, qu’ils surévaluent pendant l’alternance et après l’obtention du diplôme. Dans le cadre de sa mission « attractivité » avec l’Association régionale des industries alimentaires (Aria), Sabrina Juillan se rend ainsi dans les collèges et les lycées pour « démystifier » l’apprentissage. « Après deux ans de BTS, leur posture change. Ils ont pris en maturité, ils ont une vision plus claire », rassure-t-elle.
Développer la marque employeur
Dans ce contexte général, les entreprises se trouvent par conséquent souvent en concurrence pour recruter certains profils d’alternants. L’enjeu pour elles réside donc dans leur capacité à se démarquer en s’appuyant notamment sur le développement de leur marque employeur et la communication qui en découle. « Pour être plus attractif, il faut essayer de susciter l’intérêt sur ses produits alimentaires, souligne Sabrina Juillan. Il faut expliquer comment cela se passe à l’intérieur de l’entreprise, sur les perspectives d’évolution… »
Ayant bien compris l’enjeu du bien-être au travail, certaines entreprises octroient plus particulièrement des espaces de détente à leurs salariés. « Hier, j’étais dans une entreprise de grande taille qui a mis en place une salle de musculation. Il y a trois semaines, je rencontrais une PME qui avait aménagé les abords de ses locaux avec un étang et quelques transats autour », ajoute-t-elle. Reste que ces mesures ne sont parfois pas suffisantes pour attirer des jeunes alternants sur des métiers en tension. En production et en maintenance, les candidats demeurent toujours aussi peu nombreux face aux besoins des entreprises.
— Caroline EVEN (Tribune Verte 2989)