Jean Marcy, directeur du LEAP de Savy-Berlette « En agroéquipement, nous pourrions doubler nos effectifs, tous trouveraient encore un emploi »
Jean Marcy, directeur du LEAP de Savy-Berlette, nous évoque la situation de la formation en agroéquipement. Un secteur, où le potentiel d’emploi à la sortie des études est fort et dans lequel trouver des stages est aisé.
L’agroéquipement connaît des difficultés de recrutement. Selon vous, quelles en sont les raisons ?
Jean Marcy : Ce n’est pas qu’il y ait moins de personnes intéressées par ces filières, mais plutôt que le besoin professionnel va croissant. Ce sont des métiers où il y a toujours eu un manque de ressources humaines, avec, en parallèle, des entreprises en développement constant. Il y a peut-être aussi du turn-over dans ces entreprises, avec des salariés qui se réorientent vers d’autres secteurs. Et puis, la pyramide des âges, qui fait que l’on assiste à une vague de départs en retraite. Nous pourrions doubler nos effectifs d’élèves, qu’ils trouveraient encore tous un emploi à la sortie.
Comment votre établissement fait-il pour attirer des jeunes ?
J. M. : Il y a d’abord de la communication, dans des Salons, des forums ou dans les collèges. Nous organisons aussi des découvertes des métiers de l’agroéquipement auprès des jeunes, avec des visites d’ETA, d’exploitations et de concessionnaires, suivies d’une visite de notre établissement et d’une réunion d’information. Nous ciblons également les jeunes qui ne sont pas issus du milieu agricole ou rural. Aujourd’hui, il faut aussi recruter dans les milieux urbains pour avoir suffisamment d’effectifs. Et cela fonctionne ! On constate un retour vers l’agriculture et le monde rural de la part de ces populations. En parallèle, nous avons un programme avec le Conseil régional, l’AFP2i et un cabinet d’accompagnement et de formation, afin de féminiser les métiers des agroéquipements. Le but est de faciliter l’intégration de public féminin dans les formations et surtout dans les métiers. Les filières se diversifient, tout comme les formations, de plus en plus nombreuses. Pour cela, nous disposons, à Savy-Berlette, de 4 000 m² d’ateliers, 3 ha de terrain de conduite et 40 enseignants formateurs.
Quelles sont les opportunités d’emploi à la sortie ?
J. M. : Il y a trente-cinq métiers différents dans les agroéquipements. Plus on monte en qualification, plus cela ouvre des portes de métiers. Chez les constructeurs, par exemple, cela peut être des postes en bureau d’études, en conception, comme inspecteur technique ou commercial. Chez les concessionnaires, des emplois de magasinier, mécanicien ou commercial. Nous avons justement ouvert cette année une formation de vendeur/gestionnaire de pièces en concession. En ETA aussi, les formations en agroéquipement peuvent déboucher sur des postes de chef de chantier, qui est un peu le bras droit du dirigeant de l’entreprise. Et nous-même, établissement d’enseignement, recherchons toujours des formateurs.
Comment le lycée travaille-t-il avec les entreprises de l’agroéquipement ?
J. M. : Très souvent, ce sont les employeurs qui nous envoient les jeunes pour qu’ils se forment chez nous. Ils en repèrent par exemple lors d’un stage de troisième. De plus, notre établissement propose des formations en mécanique agricole depuis 1946. Nous en sommes donc à la troisième génération de personnes formées. Des personnes qui, une fois dans le milieu professionnel, nous renvoient des jeunes, parfois leurs propres enfants.
— Propos recueillis par Willy DESCHAMPS (Tribune Verte 2991)
Émilien Cattiaut, 18 ans : « J’ai choisi les agroéquipements pour les débouchés qu'offre la filière »
Émilien Cattiaut est actuellement en terminale Bac pro agroéquipement au lycée agricole de Savy-Berlette. « Bien que je ne sois pas issu du milieu agricole, mes parents possédaient une écurie et, depuis tout petit, j’ai toujours été passionné par les machines agricoles. J’ai donc décidé de m’orienter vers les agroéquipements qui, en plus, offrent de nombreux débouchés professionnels. Dans ces filières, nous sommes au contact des machines, bien sûr, mais aussi des cultures, et ce sont les deux facettes du métier qui m’intéressent le plus. Je souhaite poursuivre par un BTS technico-commercial, toujours en lien avec l’agroéquipement. Par la suite, j’aimerais évoluer dans le commerce agricole et la vente de machines.»