La VAE, voie d'accès au diplôme d’ingénieur

La VAE, voie d'accès au diplôme d’ingénieur

La validation des acquis de l’expérience (VAE) offre la possibilité pour des personnes, diplômées ou non, ayant une expérience professionnelle salariée de solliciter l’obtention d’un diplôme sans passer par la formation. Le titre d’ingénieur fait partie des diplômes pouvant être délivrés par la voie de la VAE.

La loi de modernisation sociale de 2002 a créé un droit individuel à la validation des acquis de l’expérience (VAE) permettant de délivrer tout ou partie d’un diplôme. Le dispositif est destiné à faire reconnaître l’expérience individuelle acquise tout au long de la vie professionnelle et personnelle et de transformer ce parcours en une certification (diplômes, titres et certificats professionnels) sans formation associée. Dans ce cadre, de nombreuses écoles d’ingénieurs ont mis en place depuis plusieurs années un dispositif de validation des acquis de l’expérience pour leurs diplômes d’ingénieur.

« La VAE menant au titre d’ingénieurs intéresse le plus souvent des professionnels de niveau Bac +2, dotés d’une solide expérience et qui sont parvenus à des prises de responsabilité d’ingénieurs sans avoir la reconnaissance du diplôme. Ils sont généralement désireux d’évoluer au sein ou en dehors de l’entreprise », explique Christine Vandenkoornhuyse, responsable VAE ingénieurs et doctorat à Agrocampus Ouest (L’institut Agro). Cet établissement a mis en place depuis quinze ans un dispositif de validation des acquis de l’expérience pour ses quatre diplômes d’ingénieur : ingénieur agronome, ingénieur en agroalimentaire, ingénieur en paysage et ingénieur en horticulture. Chaque année, deux salariés en moyenne obtiennent un diplôme d’ingénieur Agrocampus Ouest grâce à ce dispositif.

Une procédure en plusieurs étapes

Pour bénéficier de la VAE, le candidat doit avoir exercé une activité salariée, non salariée, bénévole ou de volontariat d’au moins un an dans le domaine du diplôme visé. La commission des titres d’ingénieur impose par ailleurs le niveau d’anglais B2.

Lorsque la recevabilité administrative de la demande du candidat est prononcée, la démarche débute par un entretien de conseil et d’orientation avec un responsable VAE. Celui-ci permet au demandeur de faire un choix parmi les diplômes qui sont les plus proches de son expérience, de mesurer la faisabilité d’obtenir tout ou partie d’un diplôme et de valider son projet. Lors des premiers échanges avec le responsable VAE, le demandeur reçoit le « guide du candidat » et une information détaillée sur la procédure VAE qui précise en particulier les modalités de l’accompagnement qu’il pourrait solliciter. Le candidat peut en effet bénéficier d’un accompagnement optionnel. « Il s’agit d’un appui méthodologique à la rédaction du dossier VAE (portant sur la formalisation des activités, les connaissances et les compétences en lien avec le diplôme visé) et à la présentation orale. Il est sans obligation de résultat. » Cet accompagnement comprend du temps d’échange entre l’accompagnateur et le candidat et du temps de relecture du dossier VAE par l’accompagnateur.

Une fois le dossier élaboré et déposé, celui-ci est présenté devant un jury composé d’enseignants et de professionnels, lesquels sont choisis parmi les diplômés du diplôme visé. « Au travers du dossier et d’un entretien, le jury VAE cherche à évaluer l’adéquation des compétences du candidat au référentiel de compétences », explique Christine Vandenkoornhuyse. Le jury dispose pour cela d’une « grille de lecture de l’expérience » et peut décider d’une validation intégrale – le diplôme est alors attribué – ou d’une validation partielle lorsque le candidat n’a pas fait la preuve de l’ensemble des compétences exigées. « Dans ce cas, le jury demande au candidat d’acquérir les compétences manquantes à travers des mises en situation, une expérience dans un autre service et parfois un parcours de formation. » À l’issue de ce parcours, le dossier est réexaminé lors d’une seconde session du jury. Dans le cas où le candidat ne dispose pas des compétences requises, le jury peut décider la non-validation : le diplôme n’est pas attribué et la démarche s’arrête. À l’issue de l’oral, le jury fait une restitution au candidat des conclusions de la délibération. La tarification de la VAE comprend les droits d’inscription au diplôme (d’un montant de 1 786 € en 2021/2022 pour les diplômes d’ingénieur encadrés par le ministère de l’Agriculture ) ainsi que la prestation d’accompagnement pour la rédaction du dossier. Agrocampus Ouest fixe le tarif de ce service facultatif à 1 800 €.

— Danielle BODIOU (Tribune Verte 2975)