Lancement de la chaire Bio4Solutions : Accompagner le développement du biocontrôle
L’Ensaia-université de Lorraine a officiellement lancé, le 14 janvier dernier, une nouvelle chaire dédiée au biocontrôle, Bio4Solutions, en présence de l’ensemble des partenaires, académiques et industriels. Son objectif : former les professionnels et futurs professionnels au biocontrôle et soutenir la recherche agronomique pour trouver de nouvelles solutions.
«Nous évoluons aujourd’hui dans un contexte de transition à la fois alimentaire, énergétique, et agroécologique. Il faut innover pour accompagner ces transitions », appuie Guido Rychen, directeur de l’Ensaia. Seule école nationale supérieure d’agronomie dans le Grand-Est, l’Ensaia est insérée dans un réseau dense de recherche-développement-innovation. Elle dispose de plusieurs plateformes technologiques et expérimentales (centre R & D La Bouzule, plateforme phytotronique), et noue, depuis longtemps, des partenariats avec des industriels. Le laboratoire agronomie environnement (LAE) travaille depuis plus de vingt ans sur la caractérisation de nouvelles molécules impliquées dans la défense des plantes et dans l’étude des interactions plantes-micro-organismes. Ce n’est donc pas un hasard si la nouvelle chaire Bio4Solutions a été créée au sein de l’Ensaia. « Nous bénéficions d’un contexte sociétal, politique et scientifique1 favorable pour créer cette chaire aujourd’hui », affirme Alain Hehn, professeur à l’Ensaia et titulaire de la chaire Bio4Solutions.
Cette nouvelle chaire a pour ambition, d’une part, de former les ingénieurs agronomes, les étudiants de l’université de Lorraine et l’ensemble des professionnels sur les solutions de biocontrôle et, d’autre part, de développer les solutions de biocontrôle de demain, en étroite collaboration avec les industriels. « Des solutions de biocontrôle existent déjà sur le marché : on en dénombre actuellement 487, contre 313 en 2016. En un an, 45 nouvelles références sont apparues sur le marché. Les entreprises du secteur consacrent 14 % de leur chiffre d’affaires en recherche sur le biocontrôle. Toutefois, l’effort en matière de R & D est encore trop faible face aux exigences du monde agricole. Les objectifs de la chaire sont de poursuivre les recherches, de trouver des solutions innovantes exploitables à l’échelle de l’exploitation », appuie Alain Hehn.
Former les professionnels
La chaire est soutenue par quatre mécènes, engagés pour quatre ans : le groupe Lorca, BASF, Plant Advanced Technologies (PAT) et Agrauxine. Elle est dotée d’un budget de 281 000 euros par an. « Le changement climatique a un impact direct sur les cultures, la réglementation s’accélère, les attentes sociétales également. Pour répondre à ces problématiques, nous devons accélérer la compréhension des systèmes et développer les compétences. La chaire va permettre de former nos collaborateurs et futurs collaborateurs. Lorca est aussi en capacité de mettre en place des essais en situation réelle pour valider l’efficacité technique et économique de ces solutions. Nous sommes un des maillons dans le projet de la chaire », assure Alexandre Raguet, directeur général de Lorca. BASF est un des leaders du biocontrôle en France depuis plus de vingt ans. « La chaire est d’abord, pour nous, l’opportunité de former nos propres équipes. Il n’y aura pas de transition agroécologique sans accompagnement au changement, et l’accompagnement passe par la formation », estime Jean-Marc Petat, directeur agriculture durable BASF France division agro.
« La formation auprès des professionnels sera organisée, dans un premier temps, sous forme de conférences en ligne interactives dont la fréquence (une à deux fois par semaine) et la durée (24 heures) seront à ajuster en concertation avec les entreprises, et, dans un second temps, sous forme de sessions de formation en présentiel », précise Alain Hehn. Les premiers enseignements devraient intervenir à l’automne 2020. Un enseignant-chercheur, qui aura pour mission de structurer les formations, est en cours de recrutement.
—— Hélène FLAMANT (Tribune Verte 2931)
(1) Plan Écophyto pour réduire la dépendance aux intrants ; positionnement de la région Grand-Est sur les secteurs de la bioéconomie ; prévalence du biocontrôle affirmée par la Crage ; soutien de l’université de Lorraine à la recherche sur les biomolécules…