L’intrapreneuriat : se lancer en tant qu'entrepreneur en restant salarié

L’intrapreneuriat : se lancer en tant qu'entrepreneur en restant salarié

C’est en répondant à une demande interne en formation au digital, que Nicolas Martel et Jérôme Lamrak, salariés du Crédit Agricole à Toulouse, ont proposé à leur direction de vendre leur concept. Avec l’accord de leur entreprise, ils ont bénéficié d’un programme d’accompagnement à l’intrapreneuriat. Tout en restant salariés, ils ont pu développer et lancer leur entreprise. Depuis mars 2020, ils volent de leurs propres ailes.

Qu’est-ce que l’intrapreneuriat ? Il s’agit de salariés qui créent une société ou une start-up tout en conservant leur statut au sein de leur entreprise. Un moyen, pour eux, d’effectuer une transition douce entre les statuts de salarié et de chef d’entreprise. C’est le cas de la start-up Twelv, fruit de deux salariés du Crédit Agricole Toulouse 31, Nicolas Martel et Jérôme Lamrak. Le premier était chef de projet transformation et innovation. Dans le cadre de ses fonctions, il avait pour mission d’acculturer les collaborateurs du Crédit Agricole Toulouse 31 au digital, afin de lutter contre la fracture numérique. « Nicolas a donc sondé un groupe de participants afin de savoir comment il serait possible de se former, de façon ludique et efficace, aux outils et processus en lien avec le numérique, explique Jérôme Lamrak, cofondateur de Twelv. Suite à cela, il a développé une méthodologie de montée en compétences basée sur le pair à pair. » Twelv y trouve son origine. Aujourd’hui, la start-up distribue et commercialise une plateforme collaborative de montée en compétences entre pairs.

Suite au succès en interne de sa méthodologie, Nicolas Martel s’est vite retrouvé débordé par cette activité. Il a donc été rejoint par Jérôme Lamrak, qui a profité d’un temps d’exploration allant jusqu’à 20 % de son temps de travail, alloué par l’entreprise, dans le but d’expérimenter de nouvelles choses. Ils ont ainsi professionnalisé leur dispositif de communauté apprenante. Près de 70 % des salariés du siège du Crédit Agricole Toulouse 31 ont participé à ce dispositif sur la base du volontariat. Forts de cette réussite, les deux hommes se sont rapprochés de leur direction en proposant de commercialiser leur procédé à d’autres entreprises du territoire. « C’est là que notre direction nous a donné son accord en nous orientant vers l’intrapreneuriat, évoque Jérôme Lamrak. L’avantage est que nous venions d’une société où il y avait une volonté de faire bouger les lignes. Nous avons donc pu bénéficier d’un temps exploratoire dans le cadre de nos activités, ce qui nous a simplifié la définition du prototype et des sujets à mettre en oeuvre en amont. »

L’entreprenariat sans risque financier

Durant six mois, ils ont profité d’un programme d’accompagnement à l’intrapreneuriat et ont été pris en charge par Le Village by CA de Toulouse. Les deux hommes ont ainsi été détachés de leurs fonctions initiales et se sont consacrés à plein temps à leur projet, tout en restant salariés. « Cela nous a permis d’aller voir le marché, de valider le fait qu’il y a bien une demande pour notre concept et de trouver un premier client payant, souligne Nicolas Martel. De fil en aiguille, deux années s’écoulent, et nous travaillons avec des collectivités publiques comme une préfecture. Nous collaborons aussi avec un organisme HLM de Toulouse et, bien sûr, le Crédit Agricole. Le but est désormais de développer le business et d’accélérer le volet commercial. »

Grâce à une direction du Crédit Agricole Toulouse 31 encline à développer son utilité au sein de son territoire en proposant des services innovants, les intrapreneurs ont pu se lancer en minimisant les risques financiers et en bénéficiant d’un accompagnement de leur entreprise. Aujourd’hui, Twelv est une filiale de la banque toulousaine. La société a même créé des emplois avec une équipe composée de six personnes. « Nous avons pu toucher à l’intrapreneuriat sans la prise de risque financière, ce qui est un vrai plus, témoignent Nicolas Martel et Jérôme Lamrak. Dans notre cas, avec un gros actionnaire derrière, nous avions néanmoins des comptes à rendre. Si nous étions partis seuls, nous aurions peut-être été plus vite sur certaines choses. Mais aujourd’hui, il nous est plus facile de lever des fonds par exemple, tout en conservant un certain niveau d’autonomie. »

— Willy DESCHAMPS (Tribune Verte 2994)