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Louise Gilbert, ingénieure conseil, Pôle éco-conception « Penser cycle de vie »
Récemment arrivée au Pôle éco-conception et basée à Lyon, Louise Gilbert accompagne les entreprises agroalimentaires de la région dans leurs premiers pas en écoconception à travers des diagnostics et des formations. Un poste riche d’enseignements pour l’ingénieure agronome spécialisée en environnement.
Diplômée ingénieure agronome de l’ISA de Lille en 2021 après un Bac scientifique et une prépa intégrée, Louise Gilbert n’avait pas particulièrement suivi de cours sur l’écoconception. « Je me suis spécialisée en environnement, avec des modules sur l’agroécologie et l’agroalimentaire, durant lesquels je n’ai abordé l’écoconception que de loin », précise-t-elle.
Ses études terminées, elle travaille un an comme ingénieure environnement pour Danone, dans l’amélioration continue du système de management environnemental. Elle y côtoie ainsi les problématiques agro-industrielles, et tente d’y apporter des améliorations sur la maîtrise d’impacts.
À la fin de son contrat, elle poste son CV sur LinkedIn et est contactée par une ancienne élève de son école, pour le Pôle écoconception. « C’est une association d’industriels financée par l’Ademe et ses adhérents. Elle était rattachée à la CCI de Saint-Étienne, mais a ensuite pris son autonomie. Nous travaillons sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec un siège à Saint-Étienne et des bureaux à Lyon, où je suis basée », indique-t-elle.
Toutes tailles d’entreprises
Une partie des missions de Louise Gilbert consiste à proposer des formations et ateliers sur l’écoconception, pour accompagner les entreprises dans leurs démarches sur le sujet. « Il faut penser cycle de vie. Que ce soit auprès d’entreprises de l’agroalimentaire, de distributeurs ou de petites start-up, l’accompagnement proposé va de quelques jours de formation aux enjeux de l’écoconception à deux ans pour faire avancer un projet spécifique », développe-t-elle.
L’écoconception sur les produits manufacturiers englobe notamment le choix des matériaux, la fabrication d’un produit, sa logistique, son usage et sa fin de vie. Pour des produits agroalimentaires, il convient d’y intégrer les pratiques agricoles initiales et leurs impacts. L’analyse du cycle de vie (ACV) ayant beaucoup de limites dans ce domaine, il est nécessaire d’approfondir la mesure des impacts environnementaux à l’aide d’analyses qualitatives. Louise Gilbert annonce à ce propos : « Au Pôle éco-conception, chaque collègue à sa spécialité : les matériaux, le numérique, l’ACV, le textile, la communication environnementale… avec des profils d’ingénieurs de divers horizons. Pour ma part, je suis en charge du secteur agroalimentaire. »
Avec la loi antigaspillage pour une économie circulaire et l’affichage environnemental des produits, l’écoconception est un sujet d’actualité, poursuit Louise Gilbert : « La réglementation pousse de plus en plus les entreprises à se pencher sur le sujet de l’écoconception. Cela peut être parfois frustrant d’accompagner les entreprises sur le sujet et de ne pas savoir si par la suite elles vont continuer à appliquer cette pensée de cycle de vie, mais c’est aussi le jeu dans le conseil. »
Produire moins
L’écoconception est un bon moyen de réduire l’impact environnemental, mais ne sera jamais aussi efficace que la sobriété, insiste l’ingénieure. « Le problème réside dans le business model des entreprises, car pour réellement réduire l’impact environnemental, au-delà de produire mieux, il faut produire moins. Pour le secteur alimentaire, il faut mêler de forts enjeux sociétaux et environnementaux, ce qui n’est pas toujours évident », concède-t-elle.
La motivation principale dans ce métier est surtout la quête de sens. Louise Gilbert défend des missions riches d’intérêt, pour « accompagner chaque entreprise à prendre les bonnes décisions pour demain », conclut-elle.
— Olivier LÉVÊQUE (Tribune Verte 2999)