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Mylène Gabaret, directrice générale de l’Apecita « L’Apecita a su s’adapter aux nouveaux besoins des recruteurs et des candidats »

Mylène Gabaret, directrice générale de l’Apecita « L’Apecita a su s’adapter aux nouveaux besoins des recruteurs et des candidats »

À l’occasion du 70e anniversaire de l’Apecita, sa directrice générale, Mylène Gabaret, nous présente la nouvelle stratégie de l’association pour les années à venir, qui tient compte des enjeux de la filière agricole et agroalimentaire. Le mot d’ordre : se tourner vers l’avenir !

L’Apecita fête cette année ses 70 ans. Avant de détailler vos projets pour l’avenir, pouvez-vous nous présenter la structure ?
Mylène Gabaret : Au service de l’ensemble de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de l’environnement, l’Apecita est une association paritaire dont l’objectif principal est de favoriser la rencontre des employeurs et des personnes à la recherche d’un emploi dans ces secteurs. Notre activité est spécifiquement dédiée aux métiers de cadres, d’ingénieurs et de techniciens. Nous sommes présents sur tout le territoire à travers 14 délégations territoriales réparties en 18 bureaux. Ce maillage  géographique nous permet de garantir une proximité à nos cotisants et de se positionner comme partenaire des acteurs locaux. Cela nous offre surtout une vision complète et réaliste des problématiques d’emploi et de formation dans les secteurs d’activité que nous couvrons, nous permettant ainsi de proposer une large palette de services en direction des entreprises, des candidats et également des centres de formation. Au fil des années, l’Apecita a surtout su s’adapter aux nouveaux besoins des recruteurs et des candidats. Et si nous pouvons être fiers du travail accompli au cours de ces dernières décennies, nous restons résolument tournés vers l’avenir.

De quelle manière le futur de l’Apecita se construit-il concrètement ?
M. G. : Notre feuille de route pour les années à venir est inscrite dans notre plan stratégique 2022-2025, que nous avons co-construit avec nos équipes et notre gouvernance. Le bureau de l’Apecita a tout d’abord réalisé un important travail d’analyse et de prospective pour identifier les enjeux qui se profilent. Le monde agricole est en perpétuel changement : les enjeux environnementaux, sociétaux et réglementaires ont un impact direct sur les pratiques des entreprises et font émerger des nouveaux besoins en compétences. Nous devons donc pouvoir être à leurs côtés dans leur réflexion et la création de ces nouveaux emplois.

Les exploitations agricoles s’agrandissent également et les équipes en production deviennent de plus en plus étoffées, sans oublier les postes intermédiaires indispensables pour seconder les chefs d’exploitation. L’Apecita doit pouvoir les accompagner dans leur posture managériale. Enfin, les candidats sont de moins en moins nombreux. Nous avons aussi pour rôle d’en capter de nouveaux et de susciter des vocations. Ce sont sur tous ces aspects que nous devons rester performants.

Comment ce plan stratégique se décline-t-il ?
M. G. : Pour servir nos ambitions et accompagner au mieux notre écosystème, le premier axe de ce plan s’est traduit par la mise en place d’une GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et compétences). Nous avons tout d’abord déterminé toutes nos compétences en interne pour identifier celles qui ne sont pas encore présentes dans l’association. Nous avons également écouté les besoins et les envies de nos collaborateurs, soit pour leur permettre d’évoluer vers des missions en devenir, soit pour aller recruter des ressources extérieures afin de développer notre activité. Ce travail nous a occupés durant près de deux ans et a abouti à des créations de postes pour renforcer les équipes, aussi bien au siège que dans les délégations en région. Cela s’est traduit, par exemple, par la création d’un poste de chargé de mission RH, d’un poste de chargé de sourcing ou encore d’un pôle de mutualisation. Un autre axe phare de notre plan stratégique est bien évidemment de proposer des services adaptés aux besoins de nos cotisants, en cohérence avec les évolutions permanentes du marché de l’emploi. Qu’ils soient recruteurs, candidats, salariés en reconversion, étudiants, nous sommes toujours à l’écoute de leurs attentes afin de garder une longueur d’avance. Pour cela, nous capitalisons sur notre expérience tout en nous appuyant sur les apports des nouvelles technologies, comme la programmatique RH, qui nous permet d’automatiser la diffusion ciblée d’offres d’emploi à des candidats qualifiés grâce à des algorithmes.

Face à la pénurie de candidats à laquelle nous sommes actuellement confrontés, nous nous devons d’êtres réactifs en modernisant nos outils. La récente refonte du site Agrorientation.com ou le développement des webinaires « Explore les filières » en sont une parfaite illustration.

Mais nous aurons beau proposer les meilleurs services qui soient – ce que nous faisons sans aucun doute – cela s’avérera peu utile si nous ne développons pas une réelle stratégie de communication pour les faire connaître auprès de notre écosystème. Car je constate à regret que l’Apecita reste aujourd’hui souvent connue comme un jobboard, alors que nous sommes bien plus que cela.

Quelles actions concrètes allez-vous lancer pour faire rayonner plus largement l’Apecita ?
M. G. : L’anniversaire de l’Apecita en 2024 est une occasion importante pour nous faire connaître. Tout au long de l’année, nous organiserons des événements en région pour mettre en lumière nos savoir-faire ou notre plus-value en matière de recrutement et de compétences RH.

Dans notre plan stratégique, nous nous sommes également fixés comme objectif de renforcer notre présence dans les régions en créant des liens plus forts entre nos équipes terrain et notre gouvernance. Nous avons la chance, à travers nos délégations, de bien mailler le territoire national mais sans réelle existence « politique ». Or, celle-ci est essentielle pour défendre nos intérêts. Enfin, nous comptons beaucoup sur nos multiples partenariats pour rayonner à plus grande échelle.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre volonté de déployer les partenariats ?
M. G. : J’ai pour habitude de dire que seul, on va plus vite, mais qu’ensemble, on va plus loin. Et c’est là toute la force des partenariats. Mais attention, je parle de partenariats efficaces qui ne se résument pas à une signature en bas d’un document et à une poignée de main. Il s’agit de bâtir collectivement pour répondre à nos enjeux communs et servir toujours mieux notre écosystème, à l’image de la semaine des métiers de l’agroalimentaire dont nous sommes partenaires aux côtés de l’Apec, France Travail, Ocapiat, l’Ania et le réseau des Aria. Il existe un réel enjeu autour de l’attractivité des métiers et nous devons mutualiser nos efforts pour faire connaître plus largement le dynamisme de l’emploi dans nos filières. C’est en ce sens que nous avons lancé notre chaîne YouTube dédiée aux métiers agri/agro qui recense nos vidéos métiers, mais également celles de nos partenaires tels que La Coopération agricole, Semae, Equiressources… Vous abordiez précédemment la question des nouvelles technologies… L’intelligence artificielle est aujourd’hui de plus en plus présente dans nos vies et le secteur de l’emploi et du recrutement n’y échappe pas.

Est-ce que cette tendance vous inquiète pour l’avenir d’une structure comme la vôtre ?
M. G. : L’intelligence artificielle devient en effet incontournable et elle a déjà un impact réel sur les pratiques de recrutement. Au lieu de la « subir », je crois, au contraire, que nous devons nous l’accaparer et préparer nos équipes à l’utiliser. Il faut plutôt la voir comme un outil qui peut nous faire gagner du temps sur des tâches chronophages afin de nous concentrer sur des missions à plus haute valeur ajoutée. Des missions pour lesquelles l’humain restera irremplaçable !

— Propos recueillis par Aude BRESSOLIER (Tribune Verte 3036)