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Outils de jardin sur batterie : Réduire « le bruit et l’odeur »

Outils de jardin sur batterie : Réduire « le bruit et l’odeur »

Comme pour les voitures, la tendance pour les outils de jardin est à l’électrification. Les entreprises renouvellent leur parc régulièrement, mais entre performances techniques et acceptation par les équipes, le changement d’énergie n’est pas si simple.

Le niveau sonore atteint avec une tronçonneuse thermique s’élève peu ou prou à 105 décibels. Et les autres outils de jardins ne sont guère moins bruyants. Pour y pallier, les constructeurs de matériels proposent des gammes d’outils électriques à batterie. Ceux-ci sont de plus en plus performants, mais peuvent-ils vraiment remplacer les moteurs thermiques ?

Toutes les utilisations ne se valent pas

C’est la question que se posent nombre d’entreprises d’espaces verts, avec des réponses nuancées. Pour André Marly, directeur adjoint matériel chez Terideal, les résultats sont intéressants sur le petit matériel, comme les tailles haie, les sécateurs, les débroussailleuses et les petites tondeuses. « L’outil électrique le plus apprécié des salariés est le taille-haie : la position reste pénible en tenant l’engin à bout de bras et le gain de poids est considérable. Il faut aussi parler du moteur, à hauteur de tête des opérateurs. Cela leurs évite d’inhaler les gaz d’échappement, en plus de subir le bruit tout près des oreilles », expose-t-il. La clientèle pousse en outre à opter pour l’électrique. Pour Terideal, ces outils permettent d’attaquer les chantiers plus tôt le matin avec moins de nuisances, voire d’assurer des chantiers de nuit sur la voie publique. Sur des créations d’espaces verts, cela fonctionne aussi, y compris avec de petites tronçonneuses. « Pour l’instant ce n’est pas très économique en raison du prix d’achat des machines. Mais nous pensons trouver un point de bascule sur deux à trois ans d’utilisation, car l’électricité reste moins chère que l’essence malgré les augmentations », indique André Marly. Cependant, il reste très difficile de se passer d’un moteur thermique pour les travaux plus importants. C’est le cas notamment pour le débroussaillage, où une forte puissance est requise, en particulier pour les fauches tardives. C’est la même chose pour les souffleuses à dos, très bruyantes, mais dont les lourdes batteries n’apportent que peu de confort. « Toute la question est dans le rapport  poids/puissance », précise le directeur adjoint matériel. L’autre limitation, très forte, concerne les batteries. « Il est compliqué de demander à un salarié qui rentre chez lui avec le véhicule de l’entreprise de charger les batteries à son domicile. Et ce n’est pas toujours possible de recharger chez les clients. Les gros chantiers demandent plusieurs batteries, très onéreuses. Nous attendons des solutions de la part des constructeurs », explique André Marly.

Ne pas forcer les équipes

L’équipement électrique a fait son apparition chez Terideal il y a une dizaine d’années. La motivation de départ était l’innovation, mais surtout la réduction de la pénibilité et des expositions du personnel aux gaz d’échappement. « Nous avons commencé en tentant d’imposer ces matériels. Mais les habitudes sont bien ancrées, le bruit donne une sensation de puissance et surtout, les matériels étaient moins performants qu’aujourd’hui. Et pour que ça fonctionne, il faut que les salariés les acceptent », poursuit André Marly. L’entreprise a donc fait marche arrière en laissant coexister les machines thermiques et électriques. Depuis, les outils sur batterie gagnent du terrain en même temps qu’ils deviennent plus performants. « La petite tonte et la finition sont déjà totalement électriques. C’est 50 % pour les taille- haies, mais seulement 30 % des tondeuses et aucun gros engins », précise-t-il.

Malgré un bruit en forte baisse, celui-ci reste gênant et dangereux pour les équipes : « C’est la dose journalière de bruit qui crée le risque et la fatigue. Nous insistons pour que les salariés continuent à porter les protections auditives, même avec les outils électriques » conclut André Marly.

Marc GUILBAUD (Tribune Verte 3030)