- Vigne et vin

Plaimont : Une coop pour tous, tous pour la coop !

Plaimont : Une coop pour tous, tous pour la coop !

Les équipes de l’APECITA de Toulouse et de Bordeaux ont récemment pris le chemin de la Gascogne. Ils vous emmènent à destination de Saint-Mont, siège du groupe coopératif viticole Plaimont, qui fait vivre 600 familles de vignerons et 180 salariés, en cultivant son identité et son terroir nourris par ses traditions et son goût de l’innovation.

Approfondir leurs connaissances sur la filière vitivinicole et mieux connaître et comprendre le  fonctionnement de la coopérative et l’écosystème dans lequel évoluent ses collaborateurs : tels étaient les enjeux de la visite que nous avons réalisée au sein du groupe Plaimont avec les équipes de l’APECITA de Toulouse et de Bordeaux. Cécile Larroutis, responsable des ressources humaines, nous a concocté un programme d’accueil aussi complet qu’adapté.

Nous démarrons par une présentation de l’entreprise, avec son historique, ses métiers et sa culture, imprégnée de la philosophie coopérative. Entraide, solidarité, volonté de préserver de la vie et de l’emploi sur des territoires ruraux, sont au coeur du projet d’entreprise. Ces valeurs apportent une réponse concrète à la quête de sens émise par beaucoup de personnes en recherche d’emploi. Mais cette vision du travail est exigeante et suppose un engagement et une volonté d’implication sans failles pour mettre en accord ses valeurs et ses actes.

Les promesses des ressources humaines… pas des promesses de Gascons !

« Ici on ne fait rien comme tout le monde, explique la responsable ressources humaines. Nous sommes à la fois la coop qui a promu directrice de site une femme de 30 ans et enceinte, et aussi l’entreprise qui n’a quasiment pas effectué de télétravail durant le confinement. Nous réfléchissons donc à le mettre en place, mais sans vouloir lui sacrifier notre ADN, car nous avons évité ainsi la hausse du turn-over et la cassure entre cols blancs et cols bleus qui ont affecté beaucoup d’entreprises. »

Dans cette optique, l’intégration est un enjeu encore plus crucial. Classiquement, un parrainage par un salarié expérimenté est établi, complété par l’accompagnement dans les formalités pour se loger et s’installer, et l’information sur les activités proposées sur le bassin de vie. Car comme le précise Cécile Larroutis : « Ici, il se passe beaucoup de choses, mais elles ne sont pas mises en avant. »

Plus novateur et même pionnier en matière d’ingénierie sociale, Plaimont porte un projet sur la  commune de Viella, en lien avec la MSA Midi-Pyrénées Sud. Il vise à réhabiliter une maison d’habitation propriété de la cave pour en faire un espace d’habitat partagé intergénérationnel, avec des logements locatifs qui pourraient réunir des anciens coopérateurs âgés souhaitant bénéficier de services de proximité et rompre l’isolement, et des stagiaires, apprentis ou nouveaux salariés en période d’essai dans l’entreprise. Il sera ainsi possible de provoquer des partages riches d’expériences, une transmission de valeurs et de savoirfaire gratifiant pour tous.

Toujours dans le registre des initiatives sociales pionnières, depuis 2015, les salariés en CDI de Plaimont producteurs peuvent devenir adhérents de la coopérative en achetant des parts sociales pour intégrer le nouveau collège d’associés non-coopérateurs.

L’embouteillage ou l’humain au centre de l’usine

Nous prenons ensuite la direction du centre de conditionnement avec Mickaël Guilbaud, responsable de production, qui nous a fait découvrir toutes les étapes de cette activité où sont conditionnés 30 à 36 millions de bouteilles par an. Passionné par son rôle, il en parle avec un sens pédagogique et le souci de la vulgarisation, très utile pour notre compréhension des enjeux. Comme beaucoup d’entreprises, Plaimont est confronté au renouvellement des générations avec le défi de la formation aux spécificités des métiers de l’embouteillage qui vont de pair avec les exigences qualitatives. Pour maîtriser le poste d’étiqueteur, on compte de 3 à 6 mois de formation, pour un conducteur de ligne, on table sur un an de suivi avant d’être autonome.

Pour « être et durer », une importante démarche d’amélioration continue a été mise en place sur le site de production, l’objectif étant d’améliorer les conditions de travail des opérateurs et d’optimiser les trois lignes d’embouteillage. Après une phase de diagnostics et d’échanges, l’entreprise a investi dans du petit matériel facilitant le quotidien des salariés et installé deux zones d’affichage qui présentent des indicateurs de production, mais également d’hygiène, de sécurité et de maintenance. La priorité est donnée au management visuel de la performance. Grâce à des rituels de communication de courte durée (15 minutes par exemple) au sein des équipes et entre les services, tout le monde dispose du même niveau d’informations et la communication des prises de décision est facilitée.

L’accent est également mis sur la polyvalence entre conditionnement et logistique, pour optimiser l’organisation et concilier contraintes du marché et contraintes personnelles.

Et à la fin de l’envoi… je goûte !

Après cet échange passionnant, le déjeuner a permis de reprendre haleine, en découvrant l’un des cépages oubliés cher à Plaimont, le Manseng Noir. C’est l’occasion pour Cécile Larroutis de nous détailler la mise en place d’un conservatoire vivant pour sauver le patrimoine génétique exceptionnel du terroir local. L’après-midi est pilotée par la responsable en oenotourisme, Céline Dabadie. Tout aussi passionnée que ses collègues, son évolution symbolise la volonté de proposer des parcours au sein de l’entreprise. Entrée comme saisonnière, elle a connu des fonctions de vente en boutique, d’assistante ADV export, puis de commerciale export avant de prendre ce poste de responsable en oenotourisme. Son mari étant adhérent coopérateur, elle incarne pour les visiteurs, avec une verve imagée, le quotidien des deux composantes de l’entreprise.

Nous découvrons d’abord le chai de R&D, « flambant neuf », financé dans le cadre du Plan de relance. Équipé pour faire un travail de « dentellière », cet outil au service de l’innovation vise à valoriser les cépages autochtones, à travailler sur la fraîcheur des vins dans un contexte de réchauffement climatique et à avancer sur l’élimination des résidus dans tous les vins. Pour passer des paroles aux actes et terminer ce parcours découverte, nous bénéficions ensuite d’une dégustation de vins représentatifs de la diversité des gammes proposées.

Afin de conclure avec le regard de l’APECITA, dans un univers des relations humaines qui tend à s’aseptiser tous les jours un peu plus, Plaimont assume de ne pas chercher à séduire ses collaborateurs potentiels en allant uniquement vers les modes du moment. Comme pour les vins, le souhait est de leur proposer quelque chose de différent. Fidèle à ses valeurs, Plaimont souhaite attirer ceux qui rêvent du panache de D’Artagnan, de la sagesse d’Athos, de la finesse d’Aramis et de l’opiniâtreté de Porthos. C’est exigeant et à contre-courant, mais n’est-ce pas le propre des Gascons de lancer des défis et de les relever ?

— Thierry Combet, Délégué régional Occitanie - Bureau de Toulouse (Tribune Verte 3020)