Tom d’Aqui : Sur plusieurs fronts pour garder sa main-d’oeuvre

Tom d’Aqui : Sur plusieurs fronts pour garder sa main-d’oeuvre

Grande demandeuse de main-d’oeuvre, la coopérative Tom d’Aqui travaille sur plusieurs axes pour recruter de nouveaux saisonniers et les fidéliser d’une année à l’autre. Ses efforts payent.

Dans ses 25 hectares de serres de tomates et sa station de conditionnement, Tom d’Aqui mise sur plusieurs actions en parallèle pour recruter et fidéliser ses salariés. La coopérative landaise, créée en 2009 par quatre associés, emploie aujourd’hui 270 équivalents temps plein (ETP) à l’année, dont 30 % de CDI, et jusqu’à 360 ETP en pleine saison. Une grande partie des effectifs travaille dans les quatre serres de haute technologie, où tout est contrôlé : la température, la consommation en eau, les ravageurs (à l’aide d’auxiliaires de culture)… Chaque serre est gérée par un responsable, épaulé de quatre chefs d’équipe encadrant des ouvriers serristes dans quatre activités : la récolte, l’effeuillage, le palissage (les plants pouvant mesurer jusqu’à 14 mètres de long) et la descente des bobines (pour donner de la souplesse aux ficelles du palissage). « Nous recrutons toutes les bonnes volontés. Nous ne demandons pas de CV, mais nous voulons de la motivation », souligne Corine Delluc, directrice des ressources humaines (DRH) au sein de Tom d’Aqui. Chaque chef d’équipe forme les nouveaux saisonniers à travers un accompagnement quotidien, puis espacé dans le temps. Il les évalue chaque semaine sur la qualité du travail attendu et leur niveau de productivité. « Le formateur veille à ce qu’ils aient la bonne gestuelle, la bonne posture pour éviter qu’ils ne se fassent mal », raconte-t-elle.

La rotation des postes – pour éviter que les saisonniers ne fassent toujours les mêmes gestes – et l’automatisation de certaines opérations participent aussi à diminuer les troubles musculosquelettiques et la pénibilité du travail.

Un accompagnement social

Ce sujet constitue un enjeu central pour l’entreprise qui souhaite fidéliser ses salariés d’une saison à l’autre. Mais, elle ne s’arrête pas à ce volet. Elle travaille également sur d’autres axes, comme la promotion en interne dès qu’un poste se libère et l’accompagnement social de ses salariés. De plus en plus, elle les aide dans leurs démarches administratives et les oriente vers les bons services de l’État. Cela bénéficie aux salariés français et à ceux d’origine étrangère. Tom d’Aqui emploie en effet différentes nationalités : Espagnols, Polonais, Ukrainiens, Afghans et Equatoriens. Certains ont même été  embauchés par le biais de Terre 2 cultures, une association qui facilite l’intégration des personnes réfugiées grâce à un emploi dans le secteur agricole. « Nous travaillons en partenariat avec eux depuis quatre ans », précise Corine Delluc. Avant la crise liée à la Covid-19, la coopérative avait également commencé à travailler avec deux établissements et services d’aide par le travail (Esat) pour intégrer des personnes en situation de handicap.

Toujours dans l’optique de diversifier sa main-d’oeuvre, en été, l’entreprise ouvre également ses portes aux étudiants. Si généralement, ce sont des locaux qui vivent non loin des serres, ce n’est pas le cas de certains saisonniers. « En 2018, ils avaient beaucoup de difficultés à se loger. Même les campings étaient trop chers en pleine saison. Les associés ont décidé d’investir dans l’immobilier pour proposer des logements. Il y a actuellement une cinquantaine de places en colocation », indique-t-elle. En oeuvrant sur plusieurs fronts, la société arrive ainsi à fidéliser 60 % de ses saisonniers d’une année à l’autre. « Ce chiffre était plus bas il y a trois ou quatre ans, se rappelle la DRH. Il faut que cela continue. On se bat comme on peut pour trouver de la main-d’oeuvre. Ensuite, ils deviennent les meilleurs ambassadeurs ! Nous sommes donc très attentifs quand ils veulent partir, afin de trouver des solutions. »

— Caroline EVEN (Tribune Verte 3002)