Travailleurs indépendants : Une collaboration constructive entre entrepreneurs

Travailleurs indépendants : Une collaboration constructive entre entrepreneurs

Le travailleur indépendant réalise des prestations de services pour les entreprises dont il est mandataire. Pour autant, il n’est pas un simple exécutant. Étant lui-même entrepreneur, il ne s’agit pas d’une subordination, mais bien d’une collaboration entre professionnels.

«Notre structure ne compte qu’une petite équipe et nous cherchions un moyen d’accroître rapidement notre volume d’activités », lance Jérôme Aufort, responsable développement de la société Cubico, spécialisée dans l’agrivoltaïsme et l’éolien. C’est ainsi que Cubico s’est orienté vers des travailleurs indépendants pour prendre en charge la prospection de l’entreprise. La démarche est encore récente, car elle ne date que de la fin de l’année 2021. Mais à la mi-2022, ce sont déjà cinq travailleurs indépendants qui prospectent pour Cubico, l’objectif étant de doubler cet effectif sous peu. Si Jérôme Aufort estime ne pas avoir encore suffisamment de recul pour réaliser un bilan précis de ce choix d’entreprise, il affirme toutefois « qu’il s’agit d’une alternative efficace aux difficultés de recrutement actuelles. Aujourd’hui, nous n’avons pas le luxe de nous passer de ce mode de management. […] Cette organisation nous permet de travailler avec des personnes d’expérience qui alimentent favorablement notre projet d’entreprise ». Julie Coulerot, directrice de la société Agro Conseil, spécialisée dans la fertilisation des cultures et la gestion de l’eau, qui a également recours à des travailleurs indépendants, complète : « Chacun des travailleurs indépendants avec qui nous travaillons possède des compétences autres que celles d’Agro Conseil. Une complémentarité qui permet de répondre d’autant mieux aux demandes de nos clients agriculteurs. De plus, c’est une bonne solution pour nous de ne pas travailler en circuit fermé. Les expériences de chacun d’entre eux permettent de lever plus facilement les freins rencontrés au sein de notre réseau de travailleurs indépendants. Cela offre à chacun un peu plus d’efficacité ! »

Se mettre d’accord sur la vision des entreprises

Il ne doit pas y avoir de lien de subordination avec les travailleurs indépendants, qui « ne doivent surtout pas se sentir comme de simples prestataires de services, précise Jérôme Aufort. Ils doivent donc être intégrés au projet d’entreprise ! » De fait, la confiance doit être présente entre les deux parties dès la signature du mandat. « Il faut d’abord se mettre d’accord sur la vision des entreprises. Entreprises au pluriel, précise Julie Coulerot. Chaque travailleur indépendant est une entreprise à lui seul et chacun a ses motivations propres. Il est donc important que chacun partage une même vision globale du travail à accomplir ensemble. Il n’est pas possible d’avoir un management “directif” lorsque l’on travaille avec des travailleurs indépendants du fait de leur statut. Il faut une vision commune et partagée de l’activité. » Si cette approche peut sembler surprenante de prime abord, Jérôme Aufort y trouve finalement beaucoup d’intérêts ! « Que chaque travailleur indépendant soit son propre chef offre une certaine flexibilité à notre entreprise et, sans doute, aussi davantage d’efficacité. En effet, les partenaires indépendants avec lesquels nous travaillons actuellement sont déjà bien ancrés sur leur territoire avec, souvent, une bonne connaissance des acteurs. » C’est la raison pour laquelle la zone de travail d’un travailleur indépendant ne peut être dictée par l’entreprise, mais résulte bien d’un compromis et d’un accord entre les deux parties, au risque sinon que l’accord se révèle contre-productif. À chaque travailleur indépendant également de réfléchir à l’ampleur de son territoire afin de s’assurer le revenu qu’il souhaite. Si les entreprises qui font appel aux services de travailleurs indépendants ont tout intérêt à les mettre dans les meilleures conditions pour qu’ils assurent avec succès leur mandat, il ne faut pas oublier que chacun d’eux reste une entreprise qui doit être viable économiquement. Cela implique de réaliser un volume d’affaires suffisant pour se dégager le revenu souhaité. Pour Julie Coulerot, « il ne faut surtout pas oublier d’être efficace pour construire son activité notamment en matière d’organisation de son travail ». Cela passe souvent par la signature de plusieurs mandats simultanés avec différentes entreprises !

— Mathieu LECOURTIER (Tribune Verte 2994)

Freelance
BIEN CHOISIR SON STATUT EN TANT QUE FREELANCE

Être freelance est un terme présentant une personne qui exerce son activité professionnelle en tant que travailleur indépendant. Mais pour ce faire, cette personne doit choisir un statut pour exercer sa profession. Quatre choix de structure sont possibles : le régime de l’autoentrepreneur, l’entreprise individuelle (EI), l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) ou la société par actions simplifiée unipersonnelle (Sasu). L’autoentreprise permet de bénéficier d’un régime fiscal et comptable simplifié. Il s’agit d’un statut permettant de commencer une activité sans avoir à créer une entreprise, car aucune structure n’est réellement créée. Mais elle est plafonnée à 72 500 € HT de chiffre d’affaires pour les activités de prestation de services et 176 200 € HT pour les activités de vente. Au-delà, et même en dessous de ces seuils, le freelance peut créer une entreprise individuelle (EI), mais elle ne permet pas une séparation des patrimoines entre son activité et sa vie privée. La création d’une société a pour effet de produire une personne morale à part entière avec un patrimoine propre. C’est le cas pour l’EURL et la Sasu.

Témoignage, Éric Flore UN MÉTIER DE PASSION, UN DEVOIR D’EFFICACITÉ

Éric Flore est conseiller agricole indépendant depuis 1985. Il intervient en tant que mandataire de la société Agro Conseil sur les régions Lorraine, Champagne-Ardenne, Île-de-France et Beauce. À la sortie de son service militaire, il a saisi l’opportunité qui lui était proposée. Le statut d’indépendant et la liberté d’agir ont été deux arguments de poids dans son choix. « En étant 100 % indépendant, je suis mon propre chef, et donc libre d’agir à ma guise. J’ai donc la possibilité de développer mon activité sur le secteur que je choisis et avec les interlocuteurs que je choisis aussi. Le choix d’un secteur géographique large s’est raisonné dans l’objectif de réaliser mon activité durant toute l’année. De cette manière, les agriculteurs de chaque zone géographique ne sont pas disponibles en même temps, ce qui permet d’étaler ma charge de travail. Le revers de la médaille est la nécessité de s’organiser et de développer un volume d’affaires suffisant pour se rémunérer à la hauteur de ses attentes. Il ne cache pas que les débuts ont parfois été difficiles. Lorsque l’on débute, il faut créer son portefeuille de clients, ce qui peut être difficile dans un premier temps. Vous n’avez personne d’autre que vous sur qui compter pour vous rémunérer. De fait, son niveau de revenu est totalement dépendant de sa propre capacité. C’est pourquoi je pense que le statut de travailleur indépendant est avant tout une activité qu’il faut vivre avec passion. Il faut savoir être au service de ses clients et avoir une bonne capacité d’automanagement ! »