Xavier Boidevézi : « Imaginer l’alimentation de demain »

Xavier Boidevézi : « Imaginer l’alimentation de demain »

Le réseau La FoodTech, né en 2016, fédère tous les acteurs de l’innovation dans le secteur alimentaire, de la fourche à la fourchette. Xavier Boidevézi nous en dit davantage sur le lien entre numérique et alimentation.

Pouvez-vous nous présenter le réseau La FoodTech ? Quelles sont
ses missions ?
Xavier Boidevézi : Le réseau La FoodTech est issu de la FrenchTech, créée en 2011 par Fleur Pellerin. Suite au succès de ce mouvement, il a été décidé de développer des réseaux thématiques portés par des territoires : neuf d’entre eux ont ainsi été labellisés en 2016 par le président Macron, dont le réseau La FoodTech, porté, entre autres, par la Région Bourgogne-Franche-Comté. Il a pour ambition de fédérer tous les acteurs en lien avec l’innovation dans le secteur alimentaire, et ce de manière très large : de la fourche à la fourchette, du semencier au produit final proposé au consommateur. Il rassemble 500 à 600 start-up françaises, dont une centaine que nous accompagnons plus étroitement. Notre rôle est de soutenir leur développement et de les mettre en relation entre eux ainsi qu’avec d’autres acteurs. Nous leur offrons également davantage de visibilité, notamment à travers notre présence sur des Salons comme le Sial ou par le biais de l’événement Food Use Tech que nous avons lancé il y a quatre ans. Il est important de noter que le réseau La FoodTech ne se limite pas aux start-up, il fédère également tout un réseau d’acteurs en lien avec la thématique agroalimentaire et comprend le tissu académique, des grands groupes, etc. D’ailleurs, notre mission consiste aussi à oeuvrer pour que les grandes entreprises françaises actuellement leaders à l’international le restent. La France a toujours détenu une position prépondérante au niveau mondial dans le domaine de l’alimentation et de la gastronomie, il est donc primordial de ne pas rater le virage du digital et de conserver notre leadership.

En quoi les start-up révolutionnent-elles l’alimentation et le secteur de l’agroalimentaire ?
X. B. : Les start-up n’ont pas le même cadre que les grands groupes de l’agroalimentaire, elles travaillent différemment.

Le secteur est-il dynamique au niveau des créations de start-up ?
X. B. : Oui, bien sûr. Le nombre de start-up dans notre secteur était estimé à 217 en 2014, et il est de plus de 350 aujourd’hui. Cependant, La FoodTech est un réseau encore très jeune, qui va continuer à se développer. L’enjeu est en effet énorme : comment nourrir la planète en 2050 ? Nous savons que si nous continuons à consommer comme aujourd’hui, nous ne serons pas capables de nourrir la planète de manière saine et durable…

Quels sont les profils de ces start-upers ?
X. B. : Il n’y a pas d’âge pour créer sa start-up ! Les start-upers sont principalement issus d’écoles de commerce ou d’ingénieurs agro ou encore étudiants. Il y a vingt ans, la voie royale pour les jeunes diplômés était d’intégrer un grand groupe et d’y faire carrière. Aujourd’hui, leur rêve est de créer leur start-up. Ils ont envie de changer le monde, d’être un acteur du changement. Les startupers sont en majorité des jeunes, mais pas uniquement : il y a aussi des reconversions de salariés qui, après vingt ans de carrière, ont une idée, un projet, et l’envie de se lancer. Le profil et les objectifs des start-upers sont tous différents : certains visent le CAC 40, mais d’autres souhaitent simplement faire partie du tissu économique local avec, souvent, une dimension éthique et l’ambition d’apporter des solutions aux problématiques actuelles (dispositif anti-gaspillage, éco-emballage, etc.).

Certaines start-up sont donc lancées par des jeunes encore étudiants ?
X. B. : Nous faisons des concours de start-up dans les écoles, et nous voyons facilement que, dès la seconde, certains ont la fibre startup. De nombreux jeunes se lancent en étant encore étudiants et prennent le statut d’étudiants entrepreneurs. Par exemple, pour débuter dans le digital, il faut des compétences bien sûr, mais pas forcément beaucoup de fonds. Un réseau comme le nôtre peut donc facilement permettre d’accompagner ce projet.

L’essor de La FoodTech se traduit-il par des besoins en nouvelles
compétences, et par l’apparition de nouveaux métiers ?
X. B. : 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore. C’est difficile de se préparer et de se former à ce qui n’est pas encore imaginé. Bien sûr, les jeunes, natifs du digital, ont une longueur d’avance, mais cela ne suffira pas et il faudra les accompagner. Les technologies évoluent tellement vite que nous serons tous dans l’obligation de se challenger. Il sera nécessaire de se remettre en question et de se préparer à ces changements. L’enseignement doit favoriser une ouverture d’esprit qui permettra de s’adapter.

Quels conseils donneriez-vous à de futurs ou de jeunes startupers ?
X. B. : S’ils ont envie d’entreprendre, il ne faut pas hésiter à se lancer ! Nous avons tous des idées, ce n’est pas forcément celui qui a une bonne idée qui nous intéresse, mais plutôt celui qui ose se lancer. Nous sommes là pour l’accompagner. C’est également extrêmement important de ne pas rester seul et de s’appuyer sur des réseaux comme le nôtre ou le réseau Entreprendre.

—— Propose recueillis par Emmanuelle THOMAS (Tribune Verte 2930)

À savoir FOOD USE TECH, LE RENDEZ-VOUS ANNUEL DU RÉSEAU

Food Use Tech est le rendez-vous annuel du réseau de La FoodTech. Dédié aux usages du numérique et des technologies dans l’alimentation, cet événement professionnel est un véritable laboratoire d’idées. Il permet à l’écosystème de façonner l’alimentation de demain.

En trois éditions, Food Use Tech a permis de :

  • rassembler les acteurs de toute la chaîne de valeur de l’alimentation, du champ à l’assiette (4 200 participants sur trois ans) ;
  • faire découvrir les innovations de 265 exposants ;
  • offrir des opportunités de connexion uniques à l’ensemble des acteurs de l’alimentation dans le hall d’exposition, autour de rendez-vous d’affaires et de soirées networking ;
  • sensibiliser les professionnels et le grand public à la contribution du numérique au service de l’alimentation ;
  • mettre en lumière et répondre aux enjeux de La FoodTech et de l’alimentation de demain grâce aux 130 speakers intervenus ces trois dernières années.

En 2020, Food Use Tech aura lieu les 17 et 18 septembre à Dijon. Pour sa quatrième édition, ce rendez-vous se réinvente : thématique à l’honneur, évolution du format…

Pour tout savoir sur l’événement, rendez-vous sur
www.foodusetech.fr et sur les réseaux sociaux de La FoodTech.