Descriptif du poste
Le changement climatique affecte de manière croissante le fonctionnement des activités agricoles. Il introduit un niveau supplémentaire d’incertitude, venant s’ajouter aux nombreux aléas déjà inhérents au travail avec le vivant. Variabilité des températures, épisodes de sécheresse ou d’humidité prolongée, fréquence et intensité renforcées des vents, salinisation des sols ou encore modification des cycles biologiques : autant de phénomènes météorologiques, pédologiques et écologiques qui bousculent les repères des agriculteurs et impactent l’organisation et les conditions de travail.
Dans les îles de l’Ouest français (de Bréhat pour la plus au nord, à Oléron pour la plus au sud), l’agriculture participe à la dynamique des territoires, tant du point de vue économique qu’environnemental et social. Cependant, l’insularité implique des conditions singulières d’exercice du métier (difficulté d’accès aux moyens de production, conflits d’usage, éloignement des centralités continentales, etc.). Le changement climatique complexifie cet ensemble déjà fragile en faisant peser de nouvelles incertitudes liées au climat et à la transformation de l’interface terre/mer (submersion, recul du trait de côte).
Dans ce contexte, l’association Réseau agricole des îles atlantiques et une équipe de chercheurs de l’Institut Agro Rennes-Angers (UMR SAS) portent conjointement un projet de recherche-action visant à documenter et analyser la traduction locale du changement climatique et ses impacts sur les activités agricoles insulaires. En articulant l’étude des évolutions physiques et climatiques des îles à l’analyse de leurs effets sur les pratiques agricoles et sur celles et ceux qui les mettent en œuvre, le projet porte une réflexion collective sur l’avenir des systèmes agri-alimentaires insulaires. Il s’agit notamment de créer les conditions d’un dialogue entre société civile, professionnels, institutions locales et chercheurs, afin d’identifier les transformations déjà à l’œuvre, les besoins d’accompagnement ainsi que les perspectives d’adaptation à plus long terme.
Le projet s’organise en trois volets : un volet d’études en sciences sociales ; un volet d’études en sciences du climat ; un volet participatif autour de prospectives.
Le stage (volet SHS) se déroulera en dialogue étroit avec l’ensemble de l’équipe et en articulation avec les deux autres volets.
Pour le stagiaire, il s'agira de documenter les manières de vivre le changement climatique par les agriculteurs et agricultrices à l’île d’Oléron, l’île d’Aix et l’île Madame (en 2025, deux stages ont déjà eu lieu auprès des agriculteurs et agricultrices installés dans les îles bretonnes).
L’objectif est de comprendre comment le changement climatique affecte les professionnels et comment il transforme le sens donné au métier, les conditions de travail, ainsi que les pratiques et les savoirs professionnels mobilisés dans la conduite des exploitations. La diversité des conditions d'insularité et des systèmes de production, ainsi que la diversité des positions sociales des agriculteurs et agricultrices n'en font pas un groupe qui réceptionnerait de manière homogène ces changements. Les effets de ces dimensions sociales, technico-économiques et spatiales seront donc à explorer.
Le stage permettra également d’analyser comment les réseaux professionnels des agriculteurs, formels ou informels, influencent leurs perceptions et stratégies vis-à-vis du changement climatique.